• Comment bien pratiquer le Taiji?

     par Yaron Seidman


     

    Pour bien pratiquer le Taiji, nous devons comprendre entièrement la théorie derrière le Wuji/Taiji, et déplacer notre corps, nos bras et nos jambes sous les auspices de ses principes. En poursuivant une pratique longtemps et de manière appliquée, le pratiquant atteindra l’accomplissement.

     

    Taiji est né de Wuji, il est la mère du Yin et du Yang. Le concept de Wuji implique le paradigme suivant : "sans forme ou image, ni son ou odeur, complètement vide dans le chaos originel, une chose n’existe pas encore et cependant elle contient en potentialité la myriade des choses à venir".

     

    Depuis Wuji apparaît alors l’incarnation ; le Taiji étant ainsi créé. Wuji commence à se mouvoir et immédiatement c’est Taiji. Lorsque Taiji se forme, il s’est déjà divisé en Yin et Yang. Le Mouvement et l’Immobilité sont Yin et Yang, Yin et Yang sont Taiji.

     

    Lorsque l’on explique le concept de Taiji, celui-ci s’étend à tout phénomène. Dans une perspective plus vaste, il comprend l’univers entier avec ses nombreux principes, sur le plan microcosmique il se reflète dans le corps humain.

     

    Les anciens philosophes expliquèrent la forme sans substance de Taiji comme une énorme sphère ronde, à l’intérieur de laquelle le Yin et le Yang sont en rotation constante, s’harmonisant mutuellement et se contrôlant l’un l’autre, donnant naissance à la myriade des choses. Les anciens sages mirent par écrit ce concept sous la forme d’une image, qui fut transmise jusqu’à notre époque moderne. Elle est connue sous le nom de Taiji Tu (le symbole du Yin et du Yang - d’un poisson blanc et d’un noir).

     

    Pour donner une image, une analogie de la théorie de Wuji/Taiji pour décrire le corps humain, on compare le corps humain à un Taiji miniature. Dans cette miniature de Taiji, le Yin et le Yang sont respectivement représentés par les Reins et le Cœur. Le Cœur qui correspond au Feu et situé dans la partie supérieure du corps qui est Yang, les Reins correspondent à l’eau et se situent dans la partie inférieure du corps, qui est Yin. Lors de la pratique de Taijiquan vous "gravissez" la descente du feu du cœur et l’ascension de l’eau des Reins. Ainsi, le Cœur et les Reins interagissent, l’eau et le feu son régulés, le Yin et le Yang sont en harmonie et aucune maladie ne peut envahir le corps.

     

    Dans l’univers, le Yin et le Yang se créent mutuellement sans cesse. Dans leur relation, le Yin et le Yang donnent naissance aux trois trésors. Les trois trésors sont le ciel, la terre et l’homme. Le ciel au-dessus, la terre au-dessous et l’homme qui réside entre les deux. Emprunter au concept des trois trésors permet d’illustrer l’incarnation des trois dans le corps humain : l’Essence, le Qi (énergie) et l’Esprit. Lorsque l’Essence est ample, le Qi est souple et l’Esprit rassemblé, c’est un état de santé. L’Essence, le Qi et l’Esprit résident dans les trois Dan Tian (centres d’énergie).

     

    Le Dan Tian supérieur est la porte céleste (au niveau de la couronne de la tête), le Dan Tian inférieur est la porte terrestre (entre les organes génitaux et l’anus), et le Dan Tian médian est la mer de Qi (juste sous le nombril). La porte céleste régit l’esprit, la porte terrestre emmagasine l’essence, et le Mer de Qi reçoit le Qi. L’Essence, le Qi et l’Esprit sont le fondement de la vie et l’origine de toute la création.

     

    Dans la pratique du Taijiquan, à un niveau où les mouvements sont ronds et pleins, le pratiquant amène son esprit vers la porte céleste et rend son corps léger comme une plume. Il condense son esprit vers la porte terrestre et devient lourd comme une montagne. Il fixe son esprit sur la Mer de Qi, atteignant là son centre primordial et s’unissant avec son Dao (d’état d’être lisse et sans obstructions).

     

    Dans la pratique du Taijiquan vous devez tout d’abord rechercher Wuji. Ceci est fondamental pour accroître votre pouvoir intérieur et votre talent.

     

    Un poème de Taijiquan déclare : "La pratique d’une forme doit débuter en premier avec Wuji. Le Yin et le Yang, l’Ouverture et la Fermeture doivent être recherchés avec sincérité."

     

    Avant de pratiquer une forme vous devez vous tenir debout dans la posture Wuji pendant un moment. La posture de Wuji calmera le coeur et l’esprit, un sentiment de vide entourera graduellement le pratiquant, jusqu’à ce que ses jambes atteignent un état de ressenti comme si elles n’étaient plus là. En suivant cette phase de vide et de calme, une étincelle est initiée dans la Mer de Qi (le Dan Tian médian), le Qi se meut et donne naissance au Taiji. A cette étape, le pratiquant doit pacifier le Qi et apaiser l’esprit, reconnaître sa voie harmonieuse et la mener comme si son existence était non existante, comme si elle était pleine et vide en même temps, en l’oubliant et en l’aidant simultanément. Dans la forme sans forme vous devez graduellement la ressentir et la suivre, ce qui avec le temps, accroîtra le pouvoir intérieur et le Qi. Les intentions et sentiments pénètrent tous comme un seul Qi, entrant graduellement dans le niveau suprême de talent. Les bénéfices de pratiquer la posture de Wuji sont en premier dans la quiétude qui nourrit la racine et l’origine, en second complète le Qi et l’esprit où le Qi est ample et le Dan Tian plein, en troisième dans l’union interne et externe qui en retour donne naissance à un pouvoir puissant, solide, et en quatrième le cœur et le corps à la fois sont calmes, le corps est dans un état spirituel, où la force Peng est manifestée, naturellement.

     

    En premier, tenez-vous debout dans la posture Wuji et puis seulement après, pratiquez le Taijiquan est le sens de "en premier recherchez Wuji, puis créez Taiji".

     

    Lors de la pratique de Taijiquan, vous devez prêter attention aux points suivants :

     

    1) En pratiquant une forme, le coeur mène le Qi, le Qi déplace le corps. Pas à pas, atteignez l’état d’être où l’on crée l’Essence qui se transforme en Qi, pratiquez le Qi pour le changer en Esprit et faites en sorte que l’Esprit retourne au Vide. Le Vide atteint ainsi le monde spirituel. Lorsque vous êtes capable d’examiner attentivement son caractère mystérieux, vous avez accompli un talent suprême.

     

    2) Lorsque vous utilisez la force (Jin), la dureté et la douceur doivent se compléter toutes deux, le Yin et le Yang pour chaque moitié. L’utilisation de la force en Taijiquan doit suivre ces principes de pouvoir intérieur. Vous ne devez pas devenir trop doux, ni excessivement dur. Dans trop de douceur il n’y a pas de pouvoir et le talent ne croîtra pas. Une dureté excessive ne peut nourrir le Qi et le sang. Ainsi, on peut dire que vous devez suivre l’harmonie du Yin et du Yang, du dur et du doux par moitié - accomplir le "pouvoir de Taiji".

     

    3) Le pratiquant ne doit pas utiliser de "Force Brutale". La "Force Brutale" signifie que les muscles du corps sont utilisés fortement et en tension à l’encontre de la force entrante de l’adversaire, d’une manière aveugle, sans lui ajouter ou lui soustraire, dans l’unique but de lui résister. En pratiquant le Taijiquan, vous devez éviter d’employer la "Force Brutale". Lorsque vous utilisez la "Force Brutale", le sang ne circule pas dans les vaisseaux sanguins, les os et les tendons ne peuvent se relâcher et s’étirer, au point que tout le corps est rigide et les membres perdent toute agilité. La "Force Brutale" et le "Qi Brutal" causent une stagnation, et celle-ci crée la maladie, même si cela n’est pas notable dans l’immédiat.En effet, la stagnation se produit d’abord, et seulement quelque temps après la maladie apparaît. Tout comme pour les poussées de mains, lorsque A emploie la "Force Brutale" et B utilise " Force de Taiji ", B gagnera toujours. Si les deux utilisent la "Force Brutale", le problème de "résistance"(Ding Jin) apparaît, et les caractéristiques du Taijiquan de coller, adhérer et suivre ne seront pas manifestées.

     

    4) La pratiquant ne doit pas pratiquer dans la colère. La colère rendra le pouvoir dur et cassable. Le Qi bloquera la poitrine et les poumons seront oppressés. Un bout d’un certain temps, cela donnera naissance à des problèmes de poitrine et des poumons.

     

    5) Dans la pratique de Taijiquan vous devez éviter de gonfler la poitrine, de contracter l’abdomen et de faire sortir les fessiers. Autrement, le Qi s’elancera défavorablement vers le haut et ne retournera pas au Dan Tian. Lorsque le Qi et le sang montent cela ressemble à un arbre sans racines, le coeur et les reins n’agiront pas conjointement, le feu et l’eau ne seront pas régulés, et le Yin et le Yang ne s’harmoniseront pas. Au bout d’un certain temps, cette situation affectera votre santé.

     

    6) Lorsque vous pratiquez une forme, vous ne devez pas vous visualiser en train de combattre un adversaire, en cherchant à obtenir un rapide succès dans votre pratique. Visualiser cela, amènerait votre esprit et votre Qi à se disperser.Les émotions de bravoure et de haine obscurciront la paix du cœur. De plus, cela pourrait amener par un entraînement trop dur, pendant longtemps, à ce que les mouvements qui donnent de la vigueur se transforment en une activité épuisante.La phase d’éducation et de croissance deviendrait donc fatigante et délétère pour la santé. Par une pratique continue de la sorte, 5 épuisements et 7 blessures sont créés à l’intérieur du corps et dès que la plus petite blessure est infligée, elle constitue déjà un dommage majeur ! L’étudiant doit se souvenir que si le Qi est doux et le pouvoir vivant, le cœur est vide et le Dan Tian plein, alors le Dao naîtra spontanément. Maintenue pendant longtemps, une telle condition amène le corps à la santé et à l’accomplissement de l’art.

     

    7) Pour bien pratiquer le Taijiquan, vous devez comprendre la théorie des méridiens. Les méridiens trouvent leur source dans les organes internes et se propagent dans tout le corps. Lorsque les méridiens sont libres de toute obstruction, il n’y a pas de maladie.

     

    Le Qi a pour origine le Dan Tian (la Mer de Qi) et se répand à travers les méridiens, s’entoure et spirale autour de la taille et de la colonne vertébrale, passe à travers les reins pour se disperser sur tout le corps et les extrémités, et finalement retourner au Dan Tian. Les théories du Yin et du Yang, du Taiji et des méridiens sont complémentaires et représentent à la fois le corps interne et externe.

     

    Par la compréhension de ces principes et une pratique diligente, vous pouvez atteindre un niveau de pratique où, l’intérieur et l’extérieur s’unissent, le supérieur et l’inférieur suivent, et tout le corps agit comme une unité. En utilisant le coeur pour mener le Qi, ceci permet au Qi de ne pas s’enfuir du Dan Tian, de se déplacer en douceur et de former une grande resèrve de Qi (lors de l’ouverture le Qi circule à travers tout le corps, tandis que lors de la fermeture il va dans et en dehors des reins. Les méridiens Ren et Du interagissent).

     

    Méthode de pratique basique de Taiji Neigong

     

    Le Qi est composé de très petites particules de substance. Il s’agit des éléments constitutifs du monde. C’est la racine-matrice de toute création et transformation dans l’univers. La naissance, la croissance, le déclin et la mort de toutes choses aimées viennent de la fonction décisive du Qi.

     

    Le fameux auteur de la dynastie Han de l’est (240-40 avt JC.), Wang Chong, écrivit : " le Qi du ciel et de la terre s’unissent, et les myriades de choses existent naturellement." La signification est que le Qi donne naissance à la myriade des choses. Chaque chose sur terre existe du fait de son Qi, ceci est la compréhension élargie du Qi.

     

    Les anciens sages de la Médicine Chinoise écrivirent dans "Le Classique de l’Empereur Jaune sur la Médecine Interne" (entre 800-200 avt JC.) : "Le réchaud supérieur s’ouvre (la poitrine), et disperse les cinq saveurs de la graine, qui fait surface sur la peau et remplit tout le corps, humecte les cheveux, et comme l’irrigation de la rosée du matin, tel est le Qi".

     

    Dans le corps humain il y a trois principaux genres de Qi : le premier est le Qi du ciel antérieur des reins, aussi appelé " Qi Originel (Yuan) ", le second est l’essence du ciel postérieur du " Qi de la nourriture et de l’eau (Gu) ", et le troisième est l’air que nous respirons aussi appelé " Qi Clair (Qing) ". Ces trois genres de Qi mélangés ensemble nourrissent le corps et le maintiennent en bonne santé. Alors que les localisations du Qi et ses origines varient, ces noms varient aussi.

     

    Le fameux médecin de la dynastie des Han (1300-1600 après JC), Zhang Jing Yue, écrivit : "Le Qi en Yang est appelé Yang Qi, le Qi en Yin est appelé Yin Qi, le Qi dans l’estomac est le Qi de l’estomac, le Qi dans la rate est le Qi de la Rate, le Qi à l’intérieur du corps est le Qi Nutritionnel, le Qi en dehors du corps est le Qi de Protection, dans le réchaud médian il est appelé Qi du Milieu (Zhong), dans le réchaud supérieur Qi Ancestral, dans le réchaud inférieur Qi Originel (Yuan)."

     

    Ci-dessous vous trouverez différents types de Qi, leur relation étroite et leurs fonctions avec le Taiji et le Qigong.

     

    1) Le Yuan Qi est le Qi Originel ; il est l’origine de la vie. Le Qi Originel inclut le Yang Qi originel et le Yin Qi originel. Le Qi Originel acquière ces qualités de la phase du ciel antérieur ; il naît dans l’essence de la transformation du Qi du ciel antérieur. Cette essence de Qi vient au foetus dans la matrice de ses parents. Le Qi Originel est dépendant du bon fonctionnement du Qi Nutritionnel du ciel postérieur. Il dépend des trois réchauds et de leur fonction de dispersion pour atteindre les organes et tout le corps. Il s’agit du soutien primordial de la naissance et de la croissance du corps humain. Les organes internes sont complètement dépendants du Qi Originel pour bien fonctionner. Si le Qi Originel est ample, les organes fleuriront et le corps sera en bonne santé. Si le Qi Originel est déficient, le Qi des organes déclinera et la maladie sera contractée. Le but de la pratique du Taiji et du Qigong est de compléter le Qi Originel pour renforcer sa racine.

     

    2) Le Zhen Qi (Qi Véritable) est aussi appelé Zheng Qi (Qi). Le classique "Pivot Miraculeux" déclare : " Le Véritable Qi reçu du ciel et le Qi de la nourriture, et pénètre tout le corps ". Comme nous le voyons le Véritable Qi vient d’un mélange du Qi du ciel antérieur et de celui du ciel postérieur, c’est la force qui met en mouvement la vie. Le Qi du ciel antérieur est la substance qui soutient la vie de tous les jours. Les Qi du ciel antérieur et postérieur sont interdépendants et complémentaires. Le Qi Véritable est aussi appelé Qi Ascendant. Le Qi Ascendant est un nom résumé pour la force de vie ; il dénote aussi la résistance du corps aux maladies. Comme le "Classique de Médecine Interne" le déclare : " Lorsque le Qi Ascendant est à l’intérieur, les facteurs Pathogènes ne peuvent agir."

     

    3) Le Ying Qi (Qi Nutritionnel) est créé par la nourriture et la boisson, il trouve son origine dans l’estomac et la rate, puis entre dans les vaisseaux sanguins. C’est une partie intégrante du sang. Il circule avec le sang à travers tout le corps. A côté de sa fusion avec le sang, le Qi Nutritionnel a la fonction de nourrir le corps entier, d’où son nom.

     

    4) Le Wei Qi (Qi de Protection) a pour origine le réchaud inférieur des reins. C’est le Yang Qi dans les reins qui lui donne naissance. Les fonctions du Wei Qi sont de réchauffer les muscles, humidifier la peau, enrichir la chair et contrôler les pores de sudation. Il régule la sudation et renforce l’extérieur. Comme il a la fonction de protéger le corps de facteurs pathogènes externes, il est appelé Qi de Protection.

     

    5) Le Zong Qi (Qi Ancestral) est une combinaison de la graine d’essence de Qi et de Qi clair que nous inspirons. Le Zong Qi a deux fonctions principales, l’une est de réguler la respiration et la voix, l’autre est de pénétrer le coeur et les vaisseaux sanguins pour réguler le sang et le flot du Qi. Par son rôle de régulateur de la chaleur et du froid, de la réactivité et du mouvement musculaire, il a une influence majeure. Le Zong Qi naît dans les poumons et est emmagasiné dans la poitrine. C’est le lieu d’origine pour le transport du Qi dans le corps.

     

    Les sortes de Qi ci-dessus mentionnées sont à l’intérieur de chaque personne depuis le jour de leur naissance. L’ancien a dit : " L’Homme est au milieu du Qi et le Qi est à l’intérieur de l’Homme, il y a le Qi donc il y a l’Homme".

     

    Zhuang Zi a déclaré :" la naissance de l’Homme est la condensation de Qi. Le Qi se condense et donne naissance à la vie, le Qi se disperse et cause la mort". Si vous souhaitez préserver votre santé, vous devez mettre vos efforts dans les principes du Qi. Dans le corps humain " la forme du sang naît du Qi sans forme. Lorsque la forme du sang ne peut être créée, le Qi sans forme doit être stabilisé".

     

    Le processus de la pratique de Taiji-Qigong est un procédé d’équilibrage et d’action de nourrir. Les différents genres de Qi suppléent au Qi du ciel postérieur et soutiennent le Qi du ciel antérieur. Le Yin et le Yang sont en harmonie, le corps et les organes sont en bonne santé, naturellement.

     

    La pratique du Qigong est la fondation de celle du Taijiquan. Pour être capable de bien pratiquer le Taijiquan, l’étudiant doit en premier exercer ses talents de Qigong de façon diligente. Lorsque les talents de Qigong du pratiquant sont déployés, sa pratique de Taijiquan utilisera naturellement le vaste Qi Ascendant de l’univers.

     

    Peu importe quel exercice est choisi, avant que le pratiquant ne débute, il doit en premier lieu se nettoyer des sept émotions et des six désirs.

     

    Les sept émotions : la gaîté, la colère, le souci, le caractère pensif, la tristesse, la peur et l’état de choc sont très reliées au comportement du Qi.

     

    La gaîté ralenti le Qi ; Une gaîté excessive ralentira le Qi, le rendant non lié et cassé. La colère fait monter le Qi et endommage le foie ; Le foie emmagasine le sang et le Qi est son Général. Lorsque le Qi du foie monte de façon contraire, le sang se précipite vers le haut et cause un vomissement de sang. Quand le Qi du foie attaque horizontalement la rate, celle-ci perd sa capacité de transport du Qi de la nourriture, ce qui en retour entraîne une rétention de la nourriture et la diarrhée.

     

    Le souci et le caractère pensif obstruent le Qi ; Le souci blesse la rate, le caractère pensif endommage l’estomac.

     

    Etre pensif concentre l’esprit qui au bout d’un certain temps, causera la stagnation du Qi à l’intérieur, la rate et l’estomac perdront leurs fonctions de digestion.

     

    Par la tristesse le Qi est consumé ; La tristesse blessera la régularité de la respiration, le Qi stagnera et ne s’écoulera pas à travers les canaux naturels, la stagnation donnera naissance à un réchauffement, qui en retour consumera le Qi.

     

    La peur entraîne le Qi vers le bas ; La peur blesse les reins et peut causer une perte de contrôle sur la fonction d’uriner et de déféquer.

     

    Le choc amène le Qi dans le chaos ; Le choc blesse le coeur, le coeur emmagasine l’esprit. Le choc va amener l’esprit au désarroi, tandis que le Qi du coeur est disséminé et l’esprit n’a plus de place où résider.

     

    Les sept émotions ci-dessus visées peuvent endommager votre Qi, vous devez donc vous préserver d’elles avec certitude. Avant la pratique de Qigong, l’étudiant doit calmer son coeur, et laisser le coeur et l’esprit s’unifier en une seule unité. Bien droit et non maladroit, respirez naturellement, la pointe de la langue touche la partie supérieure du palais, les lèvres sont légèrement closes, vous écoutez et regardez en vous, et contenez la lumière en silence. L’esprit et le souffle se synchronisent ensemble et l’intention garde le Dan Tian.

     

    Dans les circonstances suivantes vous ne devriez pas continuer votre pratique de Qigong : en cas de maladie mentale, lorsque les éclairs et la foudre frappent, en cas de conditions de fumée ou poussiéreuse, de constante colère, de souci et d’anxiété, lorsque vous avez attrapé froid ou si vous êtes intoxiqué(e).

     



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  • « Le Taijiquan avec ou sans Qi » / par Yaron Seidman 

     

     

    Le Taijiquan est un art martial qui s’appuie sur la puissance intérieure.

    L’évolution documentée du Taijiquan aux 18ème et 19ème siècles n’a pas marqué la division du Taijiquan en des écoles différentes.

    Ce n’est que dans les cent dernières années qu’une distinction a été faite entre le Taijiquan d’une famille et celui d’une autre.

    Dans les temps anciens la quête de tout pratiquant de Taijiquan était unique : " Atteindre le vrai Gongfu", qui signifie atteindre un très haut niveau dans les arts martiaux. Sous cet angle tous les pratiquants de Taijiquan étaient unis dans l’atteinte du même but.

    De fait, tous les pratiquants des écoles d’arts martiaux de Chine poursuivaient la même quête.

    A la fin du 19° siècle et au début du 20° siècle le monde des arts martiaux en Chine a subit une transformation. La société Chinoise a connu un changement au tournant du siècle qui amena en réaction au déclin de la dynastie Qing, le développement d’une influence majeure à l’étranger et le soutien de la montée du Gouvernement Républicain de Sun Yatsen.

    A cette époque, les Chinois passaient d’un modèle d’observation unifié à celui de définitions claires et distinctes des choses observées. Les termes "Arts Martiaux" et "Taijiquan" devinrent de grandes catégories qui devaient être divisées en de plus petites structures ou cellules. Les différents styles de Taijiquan furent nommés du nom des grands maîtres et de leurs familles qui préservèrent l’art.

    Le style Yang fut appelé ainsi d’après la famille Yang et le style Chen du nom de la famille Chen, etc. Ce ne fut jamais le grand maître du style qui désigna son propre style de son nom, ni même son fils qui le fit.

    Pour eux, la pratique du Taijiquan constituait une véritable voie d’accomplissement, une réalisation de la maîtrise dans les arts martiaux et dans leur vertu. Une distinction entre les différentes écoles a vu le jour sous l’impulsion de personnes extérieures, de celles qui ne pratiquaient pas l’art.

    Comme l’observateur moyen avait vu des démonstrations de Taijiquan par divers pratiquants qui semblaient très différentes, il les classa selon des styles différents. Les initiés (les disciples et les étudiants proches) étaient toujours très conscients de la nature interne du Taijiquan, et ainsi, ils étaient moins impressionnés par les mouvements externes.

    Dans le livre "Applications et Méthodes du Style Chen Taijiquan" la fameux expert de Chen, Hong Junsheng, écrivit : "Lorsque nous regardons les photos de Chengfu démontrant ’Da Lu’, le pouvoir d’enracinement dans sa posture du cheval est parfait. Il n’est pas différent du style Chen".

    Dans les deux dernières décennies un sujet de controverse majeur a été soulevé et débattu, divisant encore plus les écoles de Taijiquan. Pour le citer : « y a-t-il du Qi (chi) ou non dans le Taijiquan ? ». Cette question illusoire a causé beaucoup de confusion dans les cercles du Taijiquan.

    Une école "Croît" au Qi comme une partie intégrante du Taijiquan, alors que l’autre école est « convaincue » par le Taijiquan scientifique et les mécanismes du corps. Dans cet article nous explorons les écoles apparemment différentes et comment peut-on combler le fossé qui les sépare.

    Tout d’abord, nous allons décrire ce qu’est le Taijiquan scientifique. Le Taijiquan scientifique est la mise en application de la théorie des mécanismes dans les mouvements du corps, tout autant que l’usage de la physique de ces mécanismes dans la mise en œuvre des poussées de mains. De cette façon, l’étudiant peut apprendre clairement comment un mouvement « correct » multipliera plusieurs fois sa puissance à la différence d’un mouvement « incorrect ».

    L’application d’un angle correct ou d’une direction donnée est requise pour obtenir l’exécution d’un mouvement avec des résultats optimum.

    Lorsqu’il apprend cela de manière adéquate, l’étudiant prend l’avantage par des méthodes d’effet de levier, et avec une petite quantité de force il a un impact puissant sur un adversaire.

    Un exemple de cet "Effet de Levier" est l’emploi d’une perche pour déplacer un rocher.

    Lorsqu’une personne essaye de déplacer le rocher avec ses mains, il est trop lourd à bouger. Cependant, par l’emploi de l’effet de levier de la perche, il est aisé de déplacer le rocher.

    L’emploi de méthodes scientifiques dans le Taijiquan est de la plus haute importance, et explique la grande puissance du Taijiquan. L’analyse complète des mécanismes du corps et de l’effet de levier dans le Taijiquan est au-delà du champ de cet article. Toutefois, cette introduction préalable était nécessaire.

    La deuxième école de Taijiquan est " l’Ecole du Qi ". Cette école reconnaît le pouvoir du « Qi Interne » dans le Taijiquan, et passe ainsi beaucoup de temps à accroître et entraîner le Qi. Alors que le manque de connaissance à propos du Qi en occident était la cause principale de la division entre ces deux écoles, la tendance à diviser a aussi été un facteur aggravant de cette division. Dans la compréhension largement répandue aujourd’hui du Qi existe une méprise de ce qu’est réellement le Qi, et de la part qu’il a dans la pratique du Taijiquan.

    Le Qi est "Mouvement". Cependant, il est un mouvement très spécifique. Il est contraire à la croyance commune que le Qi est une sorte d’énergie matérielle telle que l’électricité (les atomes et les électrons). Ce soi disant "Mouvement" est l’opposé de la matière physique. Il est toutefois difficile de le décrire comme un mouvement, car le lecteur pourrait l’associer à un mouvement corporel, ou un déplacement opposé à la quiétude.

    La compréhension de ce mouvement vient de textes Chinois classiques comme les "Les Classiques Internes de la Médecine de l’Empereur Jaune", "La Compilation Complète de Jing Yue" etc.

    Les classiques le définissent ainsi : " Hélas ! Le Qi est Xi Sheng". Xi signifie état de quiétude/ néant/ non-action, alors que Sheng signifie action/ création/ prospérité. Le Qi est une description de "Rien n’Arrive" tout autant que "Toute Chose Arrive". Le Qi est l’action et la non-action de chaque chose dans cet univers. Cependant, il est aussi écrit : " Le Qi est l’origine de la myriade des choses".

    Dans le monde physique, la substance (forme) et le Qi sont Yin et Yang respectivement.

    Prenez par exemple un arbre : le Tronc, Les Feuilles et les Racines sont la substance, tandis que la Croissance vers le Haut, la Poussée de Branches et le Changement des Couleurs des Feuilles sont tous du Qi. Le Qi (mouvement) et la substance créent la vie.

    La meilleure façon d’expliquer le Qi dans la pratique du Taijiquan est par une métaphore. Deux arbres semblables grandissent côte à côte. Tandis que dans des conditions normales ils se comportent de la même manière, lors d’une sécheresse, l’arbre dont le Qi est le plus fort enverra ses racines plus profondément dans le sol pour atteindre l’eau sous terre. Cet arbre survivra tandis que l’autre non. La même chose est vraie pour le Taijiquan.

    Lorsque deux adversaires entrent en conflit, celui dont le Qi est plus profond sera dans une position avantageuse. Traditionnellement cela est appelé "Gong". Il est vain de croire que le Qi dans le Taijiquan signifie la capacité d’exercer une force énergique telle que l’électricité. La pratique du Qi est l’habileté de se surpasser en force et talent vers un niveau plus haut et subtil.

    Exactement de la même façon que l’arbre peut se surpasser en approfondissant ses racines. De fait, chaque arbre peut approfondir ses racines, et cependant, certains peuvent avoir plus de talent. Avec cet exemple, le lecteur devrait apprendre que l’entraînement correct de la force est le fondement, tandis que l’approfondissement de celui du Qi est la voie réelle vers l’excellence.

    Lors de l’étape initiale de la pratique du Qi, l’étudiant ne sera pas capable d’utiliser le Qi dans les poussées de mains.

    Il est aussi vrai dans l’école scientifique qu’un débutant aura de grandes difficultés à appliquer l’effet de levier sur un adversaire. La raison pour laquelle les débutants de chacune des écoles échouent est la recherche unique de la "Force" (Li) ou son manque.

    Dans la plupart des écoles actuelles de Taijiquan les pratiquants croient que le Taijiquan est purement interne et négligent intentionnellement la recherche de la "Force" (Li). En réalité l’étude de la "Force" pour les débutants est de la plus haute importance.

    Mes deux grands enseignants, Hong Junsheng et Feng Zhiqiang, tous deux experts en Chen avec des points de vue différents sur le Taijiquan, parlent de la même chose.

    Hong Junsheng a écrit dans son livre : "Quatre onces l’emportent sur mille "pounds" est une phrase superlative et ne signifie pas forcément la quantité exacte de quatre onces et de mille "pounds". Cela signifie qu’une petite force peut vaincre une plus grande. Cela peut être obtenu par l’étude et la maîtrise de la "Force" (Li). (NDT : une livre ou pound équivaut environ à 500 grs).

    Dans l’histoire, de grands maîtres comme Wu Yuxiang (le fondateur du style Wu) pouvait soulever trois cents "pounds" au-dessus de sa tête. Hao Weizhen (le fameux promoteur du style Wu/Hao) pouvait soulever plusieurs centaines de "pounds".

    J’ai été témoin lorsque mon enseignant, Chen Fake, a soulevé par dessus sa tête mon frère de Taiji, Li Jianhua, qui pèse plus de deux cents "pounds". Avec tout cela j’ai réalisé qu’avoir la "Force" (Li) n’est pas une chose mauvaise en soi. Il s’agit d’étudier scientifiquement comment l’employer" (Hong Junsheng-Chen Shi Taijiquan Shiyong Quanfa).

    Mon grand maître Feng Zhiqiang lors de l’une de mes visites chez lui m’a dit : " La connaissance du Qi et de la puissance intérieure (Jin) est essentielle pour atteindre un haut niveau de Taijiquan, et cependant, sans l’étude de la "Force" (Li) en premier, les deux ensemble ne pourront jamais entrer en jeu".

    Ces deux grands maîtres conclurent que l’étude de la"Force" est la fondation de l’expertise martiale du Taijiquan.

    L’étude de la "Force" (Li) signifie :

    1. Comprendre ce qu’est la "Force". "Li"- la force musculaire externe.

    2. Comment pratiquer et développer la force musculaire d’une manière adéquate - sans se blesser. Un exercice courant est de secouer une perche, où le pratiquant pousse en avant une perche flexible, la ramène et la secoue vers le bas, tout cela dans un mouvement spiralé.

    3. Lier la force musculaire. Par exemple maîtriser la force d’un bras, puis apprendre à accroître la force externe du corps en liant les forces du bras, de l’abdomen, du dos, des jambes et des genoux.

    4. Après une période de temps approfondie de cet entraînement de base ou fondateur, apprendre comment dissoudre une force entrante avec sa propre force.

    5. Sentir la différence entre être solide et résistant, entre être élastique et raide vis-à-vis d’une force entrante.

    6. Après avoir franchi les étapes précédentes, l’étudiant diligent devrait rechercher à apprendre les mécanismes du corps et du Qi.

    Toutes les phases précédentes doivent être encadrées par un enseignant expérimenté, afin d’éviter de graves blessures ou le mauvais usage de la force brute. Cette dernière créera à la longue de mauvaises habitudes et gênera le développement d’une réelle expertise en Taijiquan. Elle compromettra aussi votre santé à terme. Les niveaux 3 à 5 sont axés sur les mains, sur les enchaînements de poussées de mains avec l’enseignant.

    Les mécanismes du corps recouvrent une théorie ce qui est assez acceptable par les pratiquants occidentaux.

    En revanche, les théories du Qi sont moins accessibles pour un occidental, et ce, pour diverses raisons. Tout d’abord, les théories du Qi proviennent de l’ancienne culture Chinoise qui est relativement nouvelle pour nous.

    De plus, il existe des barrières de langue ainsi que des divergences mentales entre les occidentaux et les érudits Chinois. Au niveau du mental, il y a une différence entre le mode de pensée linéaire et sphérique, ce qui sera expliqué un peu plus loin dans cet article.

    Toutefois, avant de continuer l’exploration des deux écoles, nous allons nous attarder un peu plus sur le concept du Qi.

    Le Qi est une description d’un mouvement. Pour la suite de cet article nous l’appellerons "Mouvement Beta".

    Le "Mouvement Beta" signifie le mouvement dans toute chose et chaque chose qui existe. Tout type de mouvement, qu’il soit petit ou grand reflète la vie. Cela peut être un mouvement très petit et lent, comme celui d’une pierre qui se transforme chaque million d’années. Cela peut être un mouvement grand et rapide, comme dans un ouragan. Tous sont des mouvements du Qi.

    C’est le côté ’Petit contre Grand’ et ’Rapide contre Lent’ de chaque mouvement qui donna naissance à la dualité et à la relativité dans toute chose. Une dualité appelée ’Yin et Yang’. Le ’Yin et Yang’ est une description du "Mouvement Beta". Yin décrit le petit et le lent, tandis que Yang le grand et le rapide.

    Jusqu’à present nous avons discuté et représenté le "Mouvement Beta" par une explication linéaire. En réalité, le "Mouvement Beta" est sphérique. Alors que nous voyons tous les mouvements comme grand ou petit, lent ou rapide, le Qi est premier et plus important encore, il se déplace vers le dedans et l’extérieur à la fois.

    Une analogie du "mouvement Dans et Dehors" est l’image d’un ballon qui se contracte et grossit. Le "Mouvement Beta" est un mouvement de condensation et de dispersion. Come l’a écrit Zhuang Zi, " Lorsque le Qi se condense, la vie apparaît et lorsque le Qi se disperse, la mort vient".

    C’est le "Mouvement Beta" qui se concentre pour donner forme et se disperse pour dissoudre la même forme. L e concept "d’Expansion et de Contraction" dans le Taijiquan décrit aussi cette idée. Dans le Taijiquan, le Qi retourne au Dantian (le centre d’Energie dans le bas de l’abdomen) et sort du Dantian dans chaque mouvement extériorisé.

    Lorsque vous initiez un mouvement, pour sortir du Dantian, le Qi s’étend vers les quatre membres. Alors que vous vous relaxez, le Qi retourne au Dantian. Chaque mouvement est un cycle de sortie et de retour en soi. A la différence de l’analogie avec le ballon, lorsque le Qi goes sort du Dantian, c’est une condensation du Qi dans le corps. Et alors que le Qi revient dans le Dantian, c’est une dispersion du Qi qui se produit dans le corps (le Qi se retire des membres pour aller dans le Dantian).

    Ainsi, quand le Qi sort du Dantian, le mouvement prend une forme. Et lorsque le Qi revient dans le Dantian, la forme se dissout. Le "Mouvement Beta" est un synonyme pour la création d’une transformation. C’est la compréhension qui porte ses fruits dans la pratique du Qi en Taijiquan.

    L’étudiant du Qi doit pratiquer très dur pour engendrer le "Gongfu", exactement de la même façon que doit le faire l’élève de l’école scientifique. Un mouvement est crée par l’expansion du Qi, et la manière dont un mouvement se dissout et se transforme est par la contraction du Qi. Et cependant, l’expansion et la contraction du Qi, en elle-même, ne produira pas l’expertise martiale. Il en va de même pour l’exploration seule des théories scientifiques.

    Voici quelques exercices pour accroître le Qi :

    a. Saisir le Qi : étirez vos deux mains au-dessus de votre tête avec les pieds écartés de la largeur de vos épaules. Fermez les poings comme si vous saisissiez le Qi du ciel, tirez légèrement vers le bas avec cette intention à l’esprit, amenant le Qi dans le Dantian supérieur au niveau du front puis vers le bas, dans la poitrine. Ouvrez les paumes de vos mains et pressez vers le bas le long de chaque côté de votre corps, pour ramener le Qi au niveau du Dantian médian (le bas de l’abdomen). Répétez l’exercice 36 fois.

    b. Collecter le Qi : depuis les deux côtés de votre corps, étirez vos mains vers le devant - à 60 cm devant votre nombril. Comme si vous collectiez le Qi de la nature, poussez-le vers et dans le Dantian médian avec cette intention à l’esprit. Répétez 36 fois.

    c. Posture Statique : tenez vous debout avec les pieds espacés de la largeur de vos épaules. Les deux mains relâchées à 18 cm devant le Dantian médian. Déplacez légèrement votre poids d’un pied vers l’autre. Maintenez le corps bien droit. Guidez votre attention depuis l’un des pieds vers le haut au Dantian et puis vers le bas jusqu’à l’autre pied.

    Avec de tels exercices, l’étudiant apprend à s’adapter aux changements dans le "Mouvement Beta".

    Lorsque deux adversires entrent en contact, l’initiative d’un mouvement par A crée une expansion de Qi dans la sphère qui l’entoure. Reçue correctement, cette expansion va aider B à vaincre A. C’est ici que toutes les théories sur les mécanismes du corps ne vont pas être très opératives, à moins que B ait accompagné et se soit adapté au mouvement de A, à l’instant le plus opportun .

    Cette idée est exprimée dans la tournure : "Lorsque tu ne te déplaces pas, je ne me déplace pas non plus, et lorsque tu souhaites te déplacer, je prends l’initiative de bouger". C’est la raison essentielle, sous-jacente à l’entraînement du Qi, afin obtenir l’expertise martiale.

    Dans la même symbolique, l’usage correct des mécanismes du corps est exprimé dans la phrase "Emploie quatre onces pour vaincre mille pounds".

    L’exemple ci-dessus signifie avoir un meilleur "timing" du fait de l’entraînement du Qi.

    Un autre exemple est lorsque A donne un coup de poing à B. B s’adapte à celui-ci et le déjoue par une quelconque technique choisie- en faisant une rotation sur le côté, une révolution ou une rotation du bras, etc.

    Il faut souligner ici qu’une personne dans la moyenne peut réagir à un coup de poing allant à 32 km/h, un étudiant entraîné en arts martiaux peut le contrôler à 64 km/h, alors qu’un expert martial qui a eu un entraînement correct en Qi, peut réagir à un poing allant à 128 km/h. La différence entre ce dernier et les deux précédents est une forme d’anticipation plutôt que de réaction, où ce dernier est une action effective de B avant que A ne déclenche son coup de poing. Avant même le mouvement de A, aussitôt qu’il pense donner un coup de poing, c’est la sensation du Qi que B perçoit.

    C’est pourquoi un maître exceptionnel de Taijiquan peut donner un petit coup (apparemment) légèrement de sa paume, d’entrée de jeu, sur un coup de poing à pleine puissance, et faire rebondir violemment son adversaire en arrière. C’est la combinaison de la maîtrise de sa propre force, de celle de son adversaire et de la sensation anticipative du Qi, qui lui permet de localiser dans le temps et l’espace la zone de contact optimale.

    C’est à travers l’exploration des ’Mécanismes du Corps’ qu’une profonde compréhension du "Mouvement Beta" naîtra dans la pratique. De même, par l’étude du Qi, les ’Mécanismes du Corps’ s’approfondiront.

    C’est pourquoi dans tous les classiques du Taijiquan les maîtres ont parlé du Qi et en même temps appliqué les ’Mécanismes’. De fameux maîtres de Taijiquan tels que Chen Fake, Yang Chengfu, Wu Yuxiang, Sun Lutang et Hu Yaozhen pour n’en citer que quelques uns, parlaient tous du Qi et utilisaient à la fois d’excellentes routines de corps. L’intégration des deux mène à une expertise suprême dans les arts martiaux, tout en apportant de nombreux bénéfices à notre santé et une haute vertu morale.

    En tant que pratiquants du Taijiquan nous devrions tous porter le flambeau de l’héritage de nos maîtres et explorer à la fois tous les aspects du Taijiquan : les mécanismes ou routines du corps et le Qi, les intentions au niveau physique et mental, le Yin et le Yang.


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  • Feng Zhiqiang sur l’intégration du Corps et de l’Esprit

    par YANG YANG et SCOTT GRUBISICH :

    publié originellement dans le numéro de Juin 2000 du « T’AI CHI MAGAZINE ».



    Introduction par Yang Yang

    Feng Zhiqiang est un Grand Maître de la 18ème génération du style Chen de Taijiquan. Il est renommé comme l’un des meilleurs étudiants du Grand Maître Chen Fake, le 17ème descendant de la famille Chen, et aussi du Grand Maître de Xinyi, Hu Yaozhen.

    En Décembre 1997, je revenais en Chine pour la première fois depuis mon arrivée aux Etats Unis. Selon les us et coutumes de la tradition martiale, ma première priorité fut de visiter mon shifu (NDT : Maître), le Grand Maître Feng.

    Ce qui suit est le résultat d’un entretien que j’ai alors eu avec lui, et de ceux que j’ai eu au cours de mes visites suivantes pendant quelques années avec le Grand Maître Feng. Les entretiens furent commandités par M. Marvin Smalheiser, l’éditeur du « T’Al CHI Magazine ».

    Le Taijiquan est un art subtil. Immanquablement, les mots employés pour décrire les niveaux de progrès le sont tout autant. Pour reproduire les enseignements du Grand Maître Feng sans en omettre le sens, j’ai tenté de traduire ses mots aussi près que possible de leur sens originel. A de nombreuses reprises, je fus obligé de retenir les termes Chinois originaux.

    Je crois que les traductions précises et les explications des dictons traditionnels sont cruciaux pour les personnes qui ne parlent pas le Chinois, afin de comprendre l’étude de notre art martial. J’ai observé à ce titre, en diverses occasions, des sessions où des traductions pauvres de sens et/ou de mauvaises prononciations ont rendu confus, voire déformé le sens correct des enseignements.

    Dans cet article, nous avons employé le système de notation pinyin utilisé pour écrire les mots Chinois, avec l’intonation notée entre parenthèses. En Chinois Mandarin, chaque mot peut s’épeler avec un à quatre tons différents. Des intonations distinctes ont des significations diverses. Ainsi, toute occidentalisation doit inclure le ton pour transmettre la signification entendue par l’interlocuteur. Par exemple, xin(1) signifie xin avec la première intonation, le nombre 1 représente ce premier ton.

    J’ai assumé que la communauté occidentale du Taiji est déjà familière avec quelques uns des termes les plus usuels du Chinois, tels que xin(l) [coeur-esprit], yi(4) [esprit-intention], peng(2)/lu(3)/ji(3)/an(4) [repousser/tirer en arrière/pousser/presser], et jing(l)/qi(4)/shen(2) [essence/énergie intrinsèque/esprit]. Lorsque cela a été nécessaire, j’ai expliqué ou clarifié les dictons Chinois originaux.

    Mes traductions et commentaires sont entre parenthèses comme cela [] pour les distinguer des paroles du Grand Maître Feng. Il est difficile de traduire certains des dictons traditionnnels en français. Je souhaite exprimer ma gratitude au Dr. Kam Ming Wong de l’Université de Georgia à Athènes (NDT : Etats-Unis) pour sa relecture et ses commentaires sur certaines des traductions.

    A de nombreuses reprises le Grand Maître Feng a insisté sur xiu(1)lian(4), qui se réfère à un niveau plus profond de pratique et de compréhension. Xiulian requiert l’intégration et l’entraînement conjoint du corps et de l’esprit.

    La référence à l’entraînement de l’esprit par xiu-lian est une forme d’exercice spirituel, qui comprend la moralité, la pureté de pensée et du comportement, etc. Cela peut être soit un verbe, soit un nom, et le Maître Feng les emploie tous deux.

    La référence à l’entraînement de l’esprit par xiu-lian est une forme d’exercice spirituel, qui comprend la moralité, la pureté de pensée et du comportement, etc. Cela peut être soit un verbe, soit un nom, et le Maître Feng les emploie tous deux. 


    Entretien

    Yang Yang (YY) : Qu’est-ce que le Taiji ? Comment est-il exprimé dans l’art du taijiquan ?

    Feng Zhiqiang (FZQ) : Le Taiji est essentiellement le Ciel et la Terre. Avant l’origine de la Terre et du Ciel, il y avait un abîme ou un vide, appelé wuji. Il n’y avait pas de différence entre la clarté et l’obscurité.

    Bien que wuji soit caractérisé par jing(4) [tranquilité], il avait aussi du mouvement, un élément dynamique. Lorsque le mouvement s’accumula jusqu’à un niveau critique, alors vous avez ji(2) dong(4) [grand mouvement].

    A ce stade, l’énergie claire s’élève, et l’opaque va vers le bas. S’élever signifie le Ciel, aller vers le bas signifie Terre. Alors, Taiji se manifeste. Taiji a le yin et le yang : la tranquilité et le mouvement, l’inspir et l’expir, le doux et le dur, l’ouverture et la fermeture, le vide et le solide, le court et le long, le retrait et l’extension.

    Le Yin et le yang devraient être également répartis. L’équilibre du Ciel et de la Terre créera un environnement sain. La campagne et les personnes seront en sécurité et en paix ; la récolte sera fructueuse. Si le Ciel et la Terre ne sont pas en harmonie, cela causera des catastrophes naturelles, telles que les inondations ou les sécheresses.

    Les êtres humains ont besoin de l’équilibre entre le yin et le yang pour se maintenir en bonne santé. Si le yin et le yang ne sont pas en proportion équilibrée dans le corps humain, un désordre du qi, et xue(3) [le sang], manifestera une maladie des membres et des organes.

    Nous avons trois sources : le Ciel, la Terre, et les êtres humains. Le Ciel et la Terre (le yang et le yin) créent toutes choses. Chacune a en elle du yin et du yang. Entre le Ciel et la Terre, il y a des êtres.

    Nous disons que les êtres humains sont le ling(2) [ou l’âme] de toute chose. Le monde est créé par la combinaison du Ciel, de la Terre et des êtres humains. Le Ciel a trois éléments parfaits : le soleil, la lune et les étoiles. La Terre a trois éléments parfaits : l’eau, la terre et le feu. Les êtres humains ont trois composantes parfaites : le jing(1), le qi(4) et le shen(2).

    Le Taijiquan est issu de l’art de suivre le dao du mouvement du Ciel et de la Terre, le dao du yin et du yang, combiné avec la théorie de la médecine traditionnelle chinoise. Le Ciel, la Terre et les êtres humains ont tous un mouvement cyclique. Tous ont la caractéristique commune de la circulation.

    Chez les êtres humains, l’énergie circule dans les méridiens, le réseau du corps entier. Divers problèmes de santé apparaîtront si les méridiens sont bloqués. Ainsi, il est dit que « bu(4) tong(1) ze(2) tong(4) » [vous ressentirez de la douleur si les méridiens sont bloqués].

    Le mouvement en spirale du Taiji est fondé sur la même théorie de la rotation du ciel et de la terre. Le Qi s’élève à travers le méridien « du », redescend par le méridien « ren », et remplit le méridien « dai ».

    Alors la pratique du Taiji est principalement le xiulian du yin et du yang ; de pratiquer à la fois le « xing » (4) [le caractère/la spiritualité/la personnalité] et le « ming » (4) [corps/vie/santé physique]. Le Xing détermine le jing(4) [calme, paisible, silencieux] ; le « ming » détermine le mouvement.

    Wuji est jing(4) ; le Taiji a besoin de mouvement. L ’équilibre central est requis lorsque vous bougez ; le yin et le yang doivent être également répartis. Le Jing(4) s’élèvera après assez de mouvements.

    De la même façon, vous souhaitez vous déplacer après vous être reposé pendant quelque temps. C’est un processus très naturel. [Le Maître Feng insiste sur le fait que la pratique correcte du Taiji est un processus tout à fait naturel. Le repos suit naturellement le mouvement, et le mouvement suit naturellement le repos. Les deux sont interdépendants et se transforment l’un en l’autre, tout comme les portions de yin et de yang du diagramme du Taiji.]

    Le Taiji est un art basé sur cette théoie. Cela revient essentiellement à parler de nourrir sa santé. Si vous parlez d’auto-défense, le Taijiquan a absorbé les meilleures techniques de nombreux et différents arts martiaux tant internes qu’externes, et les a combinées avec sa théorie du yin et du yang.

    Il est devenu au fil du temps un art martial unique et très précieux, efficace pour préserver la santé et développer une capacité d’auto-défense réelle. Ceci est la caractéristique principale du Taijiquan.

    YY  : Vous êtes fameux en tant que l’un des meilleurs pratiquants du Grand Maître de la 17ème Génération du style Chen, le Grand Maître Chen Fake. En dehors du style Chen, avez étudié d’autres arts martiaux ? Comment avez-vous intégré ces arts dans l’essence de votre système d’entraînement ?

    FZQ  : lorsque j’étais un jeune homme, dans ma ville natale [Sulu, Province d’Hebei] j’ai étudié le style Shaolin auprès de mon oncle, Wang Yun Kai. Plus tard à Beijing (ndt : Pékin), j’ai appris le Tong Bei Quan du Grand Maître Han Xiao Feng, qui est de la ville de Can Zhou, dans la Province de Hebei. [Cang Zhou est le lieu de naissance réputé de plusieurs arts martiaux.]

    J’ai appris le style Chen du Grand Maître Chen Fake. Auparavant, j’avais étudié le Xinyi sous la férule du Grand Maître Hu Yaozhen. Ces enseignants m’ont tous les deux transmis leur art d’une manière « qin(1) shou(4) mi(4) shou(4) » [rapprochée et secrète].

    Le style Chen Xin Yi Hun Yuan Taijiquan [le système enseigné par le Grand Maître Feng] est principalement la combinaison de ce que j’ai appris des Grand Maîtres Chen Fake et Hu Yaozhen.

    A part des deux formes du style Chen, nous avons aussi de nombreuses pratiques spécifiques de répétition. Les formes spécifiques essentielles sont appelées taiji hun(2) yuan(2) gong(1) [exercices dynamiques de qigong], taiji chan(2) si(1) gong [exercices d’enroulement de la soie], taiji ji(4) ji(2) [combat] gong, etc.

    Si nous rassemblons tous les gongs, nous arrivons à presque 10 routines ou formes de pratiques. Ce sont les gongs qui vont permettre aux pratiquants du Taiji d’atteindre un haut niveau martial. Il existe un ancien dicton chinois selon lequel "Vous n’obtiendrez rien, même si vous pratiquez toute votre vie, si vous ne pratiquez pas le gong."

    Nous l’avons appelé xin yi car nous devons utiliser yi (l’intention) pour guider le qi, employer le qi pour mouvoir notre corps. Alors exercez le qi plutôt que li [la force psychique/musculaire], et exercez yi au lieu du qi. Si vous pratiquez li, cela cassera. Si vous pratiquez uniquement le qi, vous serez raide. Cela coulera de source si vous pratiquez et exercez l’intention.

    Hun yuan est la nature essentielle du symbole de Taiji. Si vous pouvez maîtriser hun yuan, vous connaîtrez la voie directe pour atteindre le plus haut niveau du Taijiquan. Avec le dantian hun yuan qi comme fondation, guidé par xin yi, en suivant les principes du yin/yang et par la pratique/l’expérimentation/l’application des 13 postures, vous pouvez accomplir le cristal du hun yuan qi, le niveau parfait du gongfu.

    La chose la plus importante est jing(1) shen(2) yi(4) nian(4) [l’esprit et l’intention]. C’est le principe premier de notre pratique. Alors nous l’appelons Xin Yi Hun Yuan Taiji. Nous avons le nom de Chen dans le style car il fut en premier étudié et développé par la famille Chen. Cela n’est pas mystérieux. C’est un art très scientifique. Il est devenu plus complet après les contributions de nombreuses générations.

    YY  : Vous dites que nous devons d’abord pratiquer le gong. Qu’est-ce que le gong ?

    FZQ  : la pratique du Gong est la fondation ; c’est le grand xiu(1) lian(4). La pratique du Gong renforce le qi interne. C’est le processus de collecte du qi depuis la nature pour ressourcer notre énergie humaine.

    Si je veux cuire des ravioles et des pâtes, j’ai besoin de farine [en tant qu’ingrédient principal]. Le gong est la farine. Le Qi est la source de notre dong(4)li(4) [pouvoir]. Comme c’est un art interne, vous devez débuter avec l’interne en tout premier, puis apprendre à coordonner l’interne avec le mouvement externe. Il y a un dicton selon lequel : Xing(2) qi(4) ru(2) liu(2) shui(3) [faire circuler le qi est comme de l’eau qui jaillit]. Si vous n’avez pas la sensation du qi interne, cela veut dire que vous ne pratiquez que la forme externe.

    [Une pratique correcte de la forme est aussi un processus d’accumulation du gong. Feng Zhiqiang insiste sur le fait que la pratique du gong est le point de départ. Alors que vous l’effectuez, chaque étape suivante devrait utiliser le gong accumulé et est aussi un moyen supplémentaire pour continuer à emmagasiner le gong].

    [Le gong dont il parle est le même que le caractère Chinois employé dans le terme gongfu ou qigong, mais lorsqu’il est utilisé seul, il a la signification décrite ci-dessus. Le lien entre les deux peut être décrit de la manière suivante : le qigong (travail énergétique) est une pratique essentielle pour donner une bonne fondation au gong. Avec une puissante fondation du gong, vous pouvez atteindre ultimement un très haut niveau de gongfu. La pratique de la forme, des applications, de fa jin, etc. sans la fondation du gong, est une pratique vide qui pourrait porter des fruits à court terme, mais ne permettrait pas au pratiquant d’atteindre un haut niveau de gongfu. [Je voudrais aussi ajouter que certaines personnes en on payé le prix fort pour avoir trop mis l’accent sur les gains à court terme de talent au combat par leur ignorance du gong.]

    Si vous voulez bien pratiquer le Taiji, il n’est pas suffisant de pratiquer uniquement la forme. Vous devez aussi pratiquer le gong : le hun yuan gong, le gong de l’enroulement de la soie, le ji(4) ji(2) [combat] gong, étape par étape. Le Hun yuan gong [les exercices de qigong] nourriront votre énergie, faciliteront votre transformation du jing/en qi/ puis en shen, et amélioreront votre énergie électrique/magnétique.

    Le Hun yuan gong vous permettra d’atteindre un plus haut niveau, de faible à moyen jusqu’à un grand accomplissement. Vous absorberez les meilleurs éléments du Ciel et de la Terre.

    Il existe un ancien dicton selon lequel : « vous pouvez passer le quan, mais vous ne pouvez ignorer le gong. Après avoir pris connaissance du gong, alors vous pouvez connaître le quan ». Peu de personnes ont suffisamment de temps pour pratiquer chaque jour.

    Si vous êtes très occupé, essayez tout de même de trouver une plage de temps pour pratiquer le gong. Vous pouvez passer le quan [la forme]. C’était le conseil de mon Maître. Plus vous êtes occupé, plus vous avez besoin de pratiquer le gong, car il peut renouveler le jing/qi/shen que vous consumez. De cette façon, vous pouvez avoir une bonne santé et une longue vie.

    Pour pratiquer ce type d’art, votre qi doit être doux (qi shun(4)).

    [La théorie traditionnelle de la médecine chinoise dit qu’afin d’avoir un qi doux, vous devez être « taiji tai he », ou paisible]. Vous devez être xiulian ; ne pas laisser les distractions du monde matériel vous déranger. Xiulian se réfère tout d’abord à un état d’être et de comportement ; vous devez améliorer votre xin et votre shen. Quelqu’un qui a xiulian ne désire aucune autre possession matérielle. Vos pensées devraient être zheng(4) [propres, i.e., vous ne pouvez avoir de mauvaises pensées].

    Vous devez rendre xiulian votre zhong qi. Le zhong qi peut s’élever jusqu’au Ciel ou s’abaisser vers la Terre. Le bai hui [le point d’acupuncture au sommet de la tête] est le Ciel, et le hui yin [le point entre l’anus et les organes génitaux] est la Terre. Si vous avez atteint le xiulian, votre qi s’élèvera jusqu’au Ciel, autrement il n’atteindra que la Terre/l’Enfer. [Ceci est un dicton Chinois bien connu.]

    Entre le Ciel et la Terre se trouve l’être humain. Lorsque les êtres humains sont dans la matrice de leur mère, ils absorbent des nutriments à travers le cordon ombilical. Il n’est pas alors possible de respirer à travers le nez. Après la naissance, les humains commencent la respiration post-natale [à employer le nez et la bouche]. Le but de notre pratique est de revenir à cette respiration pré-natale. Nous retournons de notre modalité post-natale à notre origine pré-natale.

    YY  : Xiulian est apparamment un aspect très important de la pratique du Taiji. Pouvez-vous nous en dire plus sur comment développer le xiulian ? Comment ce concept est-il relié à « de » [la moralité] ?

    FZQ  : Dans la communauté des arts martiaux, les pratiquants se réfèrent à l’amélioration simultanée de « de » et de la technique. Cela s’appelle pratiquer à la fois le dao et l’art martial. Il y a une raison à ceci. Sans « de », les pratiquants peuvent employer l’art pour faire des actes mauvais. Pour être honnête, je pense que ma pratique du Taiji élève grandement mon dao comparé à celui d’une personne dans la moyenne.

    Si votre « de » n’est pas bon, votre art et votre technique ne pourront en toute éventualité atteindre un haut niveau. Mes deux enseignants m’ont transmis la notion de « de ». Quelquefois je faisais des erreurs. Mais la chose importante est que je pouvais vérifier moi-même et découvrir quel était le problème, le corriger, et améliorer mon « de ».

    Alors nous devons améliorer notre « de » lorsque nous suivons la voie de l’art. Vous pouvez parler du dao après avoir amélioré votre « de » et maîtrisé l’art. Ce dao n’est pas un mauvais dao. C’est le grand Dao du Yin et du Yang. Il est cohérent avec la Terre et le Ciel. Il est aussi grand que le Soleil et la Lune. C’est le but de notre xiulian. Mais comment faire le xiulian ? Nous devrions cultiver notre esprit avant de pratiquer quan. Pratiquer xin(1) shen(2) yi(4) xing(4). Ces quatre éléments sont réellement une seule chose. Xin est shen, shen est yi, yi est xing. Xiulian améliore notre esprit et en même temps notre courage.

    Cela n’est pas une pratique aisée de faire parvenir notre esprit et notre corps à l’état de xiulian. Cela ne peut être réalisé en une seule journée. Alors nous pratiquons avec notre esprit et notre corps, travaillons notre courage, et améliorons notre jing/qi/shen.

    Le processus entier du Taiji [s’il est suivi correctement] est xiulian. La pratique du Dao rendra la personne forte, apte à se défendre et à défaire les mauvaises situations. Ainsi, notre but est très clair ; autrement, pourquoi pratiquerions-nous ? Il est aussi dit : "Le Taiji devrait amener tai(4) he(2)." « He » signifie l’harmonie paisible des organes internes et de toutes les cellules. Sans « he », vous vous battrez intérieurement avec vous-même et vous sentirez malade. Vous devez être capable de nourrir votre qi.

    [La phrase "Le Taiji devrait amener tai he" signifie que l’harmonie décrite ci-dessus est un but pour le pratiquant du Taiji. C’est un état vers lequel vous travaillez, et une indication que votre pratique du Taiji se déploie correctement.]

    Si vous pouvez faire cela, les personnes reconnaîtront et respecteront votre art depuis leur propre cœur, pas par le biais de la force. Si vous blessez les yeux de quelqu’un, brisez leurs côtes, etc.., vous endommagez irrémédiablement votre « De ». Les pratiquants du Taiji ne devraient pas faire cela. Cela requiert un grand gongfu de s’en abstenir.

    Lorsque vous employez le Taiji pour combattre, vous devez avoir un gongfu pour vaincre sans heurts les personnes. Un grand gongfu peut aussi prévenir les mauvaises choses de se produire. Cela effraiera les personnes de faire le mal. Je suis sorti de la société civile après m’être retiré de mon travail [au début des années 80]. Je me souviens n’avoir jamais blessé quelqu’un. Je suis très heureux de la contribution que j’ai laissée à la société et au monde dans une si courte période de temps. Je suis aussi enchanté des liens d’amitié que j’ai forgé. Nous avons de très bonnes relations avec les autres arts martiaux.

    YY  : Les personnes ne comprennent pas et sont confuses sur le point de « peng ». Comment le définissez-vous ?

    FZQ  : Peng(2) lu(3) ji(3) an(4) xu(I) ren(4) zhen(l) [vous devez clairement distinguer et prêter attention à peng/lu/ji/an]. Shang(4) xia(4) xiang(l) shui(2) ren(2) nan(2) jin(4) [une bonne coordination entre la partie supérieure et inférieure du corps préviendra l’entrée de l’adversaire].

    Ren(4) ping(2) dui(4) fang(1) lai(2) da(3) wo(3). Si(4) liang(3) hua(4) dong(4) bo(1) qian(1) jin(1) [peu importe quelle force déploie l’adversaire dans ses attaques, je peux utiliser 4 onces pour le neutraliser]. Ces dictons sont employés pour exprimer le but.

    Peng signifie que l’énergie va vers le haut ; lu, vers l’arrière (du côté gauche ou droit) ; ji, en avant ; an, vers le bas. Mais peng est aussi exprimé dans lu, ji, et an. Lu est peng vers l’arrière. Ji est peng vers l’avant. An est peng vers le bas. Si vous n’avez pas l’énergie de peng, vous êtes trop doux. Peng/lu/ji/an sont juste une variation de peng : vers le haut/le bas, l’avant/l’arrière, et gauche/droite.

    YY  : Est-ce que cela signifie qu’il y a deux définitions de peng ? L’une est la direction vers le haut de l’énergie dans les quatre directions, tandis que l’autre recouvre un concept plus large, celui de l’énergie qui s’étend ?

    FZQ  : Il est possible de distinguer ; de donner deux définitions. L’une est la direction vers le haut de l’énergie à quatre côtés (peng/lu/ji/an), l’autre est yi(4) qi(4) gu(3) dang(4). [Gudang a une signification très subtile. Il est ici utilisé pour décrire l’expansion vers l’extérieur/le mouvement/la vibration de yi et du qi.]

    Chaque mouvement est guidé par le mouvement du yi et du qi. Si vous n’avez pas « yi qi gudang », vous vous effondrez. Même si vos membres ne bougent pas, vous devez avoir le yi et le qi. Lorsque votre intention arrive, votre qi arrivera aussi. Le mouvement suivra naturellement et votre force émanera.

    YY  : Quel est votre conseil aux personnes qui pratiquent le Taiji aux Etats Unis ? A quoi devraient-elles prêter attention lorsqu’elles pratiquent les poussées de mains ?

    FZQ  : La pratique de quan et de gong est un travail solitaire. Les poussées de mains sont un entraînement à deux personnes. Quan et gong sont xiulian ; les poussées de mains sont aussi xiulian. Quan et gong sont la pratique de yi et du mouvement du qi ; les poussées de mains recouvrent aussi la pratique de yi et du mouvement du qi.

    Parce que les poussées de mains sont une pratique de yi et du mouvement du qi, les conditions suivantees sont requises : 1) zhong ding [l’équilibre central], 2) luo(2)xiuan(2)chan(2)rao (3) [spiraler l’énergie], et 3) zhan(l) lian(2) nian(2) shui(2).

    [Zhan lian nian shui est le plus souvent traduit par adhérer/connecter/coller/suivre. Une compréhension de l’application de l’énergie en spirale et du concept d’adhérer/connecter/coller/suivre peut seulement être obtenu par l’expérience [i.e., par l’enseignant qui le démontre à l’étudiant, en face à face.]

    Vous devez éviter ding(3) pian(l) diu(I) kang(4). [Ding signifie venir à la rencontre et répondre à une force entrante « tête première ». Pian signifie "oblique," pour se référer à la perte de l’équilibre central.

    [Diu signifie être élastique sans réponse, être yin mais pas yang. Diu signifie aussi déconnecté, sans écoute. Kang veut dire résister/combattre/lutter tandis que vous perdez déjà votre équilibre sans faire la moindre neutralisation]. Vous devez être capable de faire bian(l) hua(4) bian(l) fa(l) [de libérer l’énergie en même temps que vous neutralisez]. Cela est appelé hua(4) zhong(I) you(3) fa(l) [avoir libéré l’énergie à l’intérieur de l’action de neutraliser].

    Pratiquez et cultivez le qi au lieu de li ; pratiquez et cultivez yi au lieu du qi. Après que vous ayez pratiqué suffisamment et de la manière adéquate, vous accumulerez naturellement le gong(1) dao(4) zi(4) ran(2) cheng(2).

    [C’est un dicton très célèbre. Sa signification est semblable à celle du terme gongfu. Elle fait référence à un niveau d’accomplissement, qui est le fruit d’un effort constant et dédié, ainsi que d’une pratique correcte. Ce dicton peut servir de référence à toute forme d’accomplissement - pas simplement au wushu.]

    Après que vous ayez pratiqué les poussées de mains, alors vous pratiquez jian(4)shou(3) fen(1) li(2) [jetter l’adversaire immédiatement lors du toucher au cours de l’entraînement].

    C’est comme si vous faisiez lever du blé. Vous ne pouvez tirer le blé vers le haut [le forcer à pousser]. Ou, pour employer une autre métaphore, vous ne pouvez vous attendre à ce qu’un bébé courre avant qu’il ne sache se tenir debout. Vous devez procéder pas à pas. Cela semble lent, mais c’est réellement la manière la plus efficace. Vous ne pouvez aller trop vite. Si vous le faites, vous briserez le principe de modération, wu(2) guo(4) wu(2) bu(4) ji(2). Les poussées de mains requièrent de la modération et d’éviter ding pian diu kang [défini au-dessus]. N’ayez jamais à l’esprit l’idée de blesser les personnes ; cela est aussi xiulian.

    Dans les classiques il est dit "rou(2) hua(4) gang(l) fa(l)," qui signifie céder/neutraliser avec douceur, libérer avec dureté. Vous devez pratiquer rou(2) [la douceur] et hua(4) [céder/neutraliser].

    Le même principe s’applique à quan, [la forme] sa pratique ; pratiquez song(l) [la relaxation] tout d’abord. C’est facile de pratiquer quan, mais difficile de pratiquer song. Dans les poussées de mains, il est aisé de pratiquer fa [libérer rapidement], mais plus difficile de mettre en oeuvre hua(4). Si vous pouvez faire hua avec 1,000 livres ou 500 kg, c’est une chose si facile de faire fa.

    [Une autre question est de savoir comment faire fa. La voie correcte, ou la plus efficace est de demeurer relaxé jusqu’au point ou moment du contact. Toute l’énergie est alors focalisée sur ce point.]

    Vous devriez voir dans les poussées de mains une forme d’entraînement au gong. Après avoir suffisamment pratiqué, une instruction concise de l’enseignant sera suffisante pour vous en expliquer la signification plus approfondie.

    [Les mots employés par le Maître Feng furent en réalité "yi ( I )di an (3) jiu (4) tou(4)," ce qui signifie un seul toucher peut pénétrer. "Un toucher" fait référence à une brève instruction de l’enseignant.] Si vous n’avez pas suffisamment pratiqué, vous ne comprendrez jamais, quand bien même votre instructeur essayerait de vous l’expliquer au mieux de ses capacités. Si vous n’avez pas assez pratiqué, votre réaction instinctive à une poussée sera de faire ding [d’appliquer la force à l’encontre d’une force entrante].

    Les poussées de mains sont une pratique de gong, et c’est aussi un entraînement de qigong. Enfin, c’est une pratique de la technique. [Note : Feng Zhiqiang a défini pas à pas l’ordre de la pratique : gong-Chuan-poussées de mains-combat libre.]



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  • L’ Importance de l’ Accomplissement du SONG


    "SONG" (prononcez "sown" en anglais et "saôn" nasalement en français) est la clé de la maîtrise du Taiji Quan, et, croyez-le ou non, ils sont nombreux ceux qui après avoir pratiqué le Taiji Quan pendant 10 ou 20 ans, ne sont toujours pas "Song", qui en d’autres termes, n’ont toujours pas franchi le seuil de cet étonnant art martial Chinois.

    En anglais, il n’y a pas d’équivalent pour le caractère Chinois "Song" (et en français ?), qui signifie être relâché ou détendu et ne pas utiliser de force brute et, plus important, étirer et décontracter tous les muscles, tendons et articulations du corps, etc... Vous pouvez dire d’un pratiquant qu’il est song ou non, uniquement en le testant dans une compétition de Tuishou, ou lors d’un entraînement libre.

    Beaucoup de personnes paraissent très song quand ils font la forme, mais de fait ne le sont pas s’ils sont déséquilibrés à chaque fois que leur adversaire les pousse ou applique tout autre technique de tuishou. Les avantages à être Song.

    Si vous êtes véritablement song, alors si votre adversaire vous donne un coup de pied ou vous pousse, vous serez capable de parer facilement au lieu d’être renversé. Cela parce que toutes vos articulations sont relâchées et que votre force interne est toujours présente là ou se concentre votre esprit, au moyen d’une bonne coordination du corps entier. Vous êtes si détendu que vous pouvez ressentir le prochain mouvement de votre adversaire dès que vos bras sont en contact avec les siens. Vous serez capable de suivre - et non pas résister ni s’enfuir - mais neutraliser et contre-attaquer dans le même temps.

    Je montre toujours à mes étudiants comment se décontracter pour se sortir des situations difficiles. Lorsqu’un de mes anciens élèves me pousse, je relâche ma taille et dans le même moment, mes bras le collent et le laissent pousser. Il peut pousser autant qu’il veut. Mon relâchement lui rend difficile de garder son centre. Avancer ou se retirer semble difficile pour lui. Je peux faire un "tirer" ou un "pousser" pour clore la démonstration.

    Une autre fois, un étudiant saisit mon poignet droit avec sa main droite pendant que sa main gauche se place au dessus de mon coude droit, essayant de me faire un "roll-back" (Lu). Je relâche l’articulation de mes hanches et suis hors de danger. Si mon bras est près de son corps, je peux aisément placer ma paume gauche dans le creux de mon coude droit pour le "presser" hors de son centre. Ou si un étudiant effectue un "presser" sur moi, je tourne juste ma taille pour neutraliser et répliquer par une poussée.

    Lors d’un stage, mes anciens étudiants étaient impatients à l’idée de tirer vivement ma main droite (ou gauche) vers le haut ou le bas. Ils voulaient aussi me saisir les mains et les pousser en directions opposées pour croiser mes bras et me déséquilibrer. Je relâchai simplement ma taille et mes hanches et je fus hors d’ennuis. Ils me saisissaient fréquemment la main et me tournaient le coude vers le haut, essayant de me jeter. Je ne fis que me relâcher et suivre. Parfois, je pouvais les pousser après avoir échappé à leur contrôle. Ils ne firent plus ces ruses pensant qu’elles étaient inefficaces. 

    Tous les pratiquants de Taiji Quan doivent tout d’abord être song avant que leur aptitude puisse parvenir à un haut niveau. Cheng Man Ching, un maître des années cinquante, soixante et du début des années soixante-dix a dit dans son livre book Zheng-zi Taijiquan Zi Xiu Xin Fa, qu’il rêvât que ses deux bras étaient cassés. Le jour suivant, à une séance d’entraînement, il battit tous ses adversaires parce qu’il était devenu song. Dès lors, son niveau s’améliora. Son rêve coïncida avec l’avènement de son song qui fît de lui plus tard un maître du Taiji.

    Beaucoup de gens ne savent pas que le song peut produire une force puissante. Un de mes professeurs me montrant l’application martiale d’une posture me frappa doucement le bras avant avec sa main (le tranchant de la main). Mon bras eut tellement mal que je fus incapable de le bouger librement pendant dix ou quinze minutes. En Tuishou, sa force était si puissante qu’il pouvait me jeter à chaque fois qu’il le voulait, que j’usasse ou non de la force. Une fois, il me saisit les mains (ou les bras), je pus difficilement me dégager. Il ne semblait pas user de la force. A ce moment il était song, et je ne l’étais pas. Comment être Song.

    Ne confondez pas song et relaxation. Le song indique au pratiquant que ses capacités sont sur le point d’atteindre un niveau supérieur. Il est relaxé, alerte (capable de sentir les prochains mouvements de son adversaire), souple (capable de suivre), agile (capable de bouger rapidement), fort ("comme le fer enveloppé de coton" ; citation de Yang Chen-Fu), et assuré (de ses capacités).

    Song est le résultat de plusieurs milliers d’heures d’entraînement correct. Il ne vient pas de l’imagination ou des rêves. La relaxation est la fondation du song. Cela implique la relaxation (la détente) de l’esprit et du corps entier. La force brute n’est pas recommandée.

    La partie la plus difficile du song est le relâchement et l’étirement de toutes les articulations du corps. Pour cette raison, lorsque nous faisons l’enchaînement de Taiji, nous devons suspendre le sommet de notre tête, laisser s’enfoncer notre taille (pour relâcher et étirer les vertèbres de notre cou et de notre colonne vertébrale), laisser tomber nos épaules et nos coudes (pour relâcher et allonger les bras), fléchir nos genoux et garder l’entrejambe décontractée et arrondie (pour relâcher et étirer les jambes).

    SHEN Jia-zeng, un des anciens élèves de CHEN Zhao-Kui, écrivit avec Gu Liu-Xin, dans le livre "Chen Shi Taiji Quan", que l’étirement des articulations du corps pouvait produire le "Peng Jing" ou force interne, et il avait raison.

    Mon maître Ma Hong a dit dans son article sur la relaxation (la traduction de cet article a été publiée dans le numéro de décembre 1996 de Taiji Magazine), que la relaxation commence avec un esprit détendu. Le point crucial se trouve dans le relâchement de l’articulation de nos épaules et de nos hanches. Une fois ces "quatre gros morceaux" relâchés, vous êtes sur le point de devenir Song. Il recommandait de pratiquer l’enchaînement en position basse, et de respecter rigoureusement la règle d’effectuer tous les mouvements avec la taille, en coopération avec le "Dan Tian" (dans la partie basse du ventre). "Si la taille ne bouge pas, vos bras ne devraient pas bouger. Si l’intérieur (Dan Tian) ne bouge pas, l’extérieur (le corps) ne doit pas bouger". Dans ma pratique, je bouge toujours ma taille et le Dan Tian avant les bras.

    Nous ne devrions pas sous-estimer l’entraînement en position basse. C’est dur pour les jambes, mais cela permet le relâchement des articulations des hanches beaucoup plus rapidement que la position haute, et ainsi raccourcit le temps nécessaire pour devenir song. Cela donne également de la force interne. De par mon expérience propre, je suis devenu song après que l’articulation de mes hanches se soit relâchée.

    Contrairement à la croyance de beaucoup qui est que le Taiji Quan demande l’utilisation de l’esprit et non de la force, la force interne est absolument nécessaire pour les pratiquants de Taiji. En Tuishou ou en combat libre, sans la force interne, il est très difficile, voir impossible de gagner une compétition. On peut acquérir la force interne aussi bien par la pratique des formes du Taiji Quan, que par l’entraînement aux exercices de force interne, comme la pratique de la Longue Perche (da gan), du Bâton Court du Taiji (Taiji Chi), du Taiji Ball, du Taiji Qi Gong (le Bai ba qi gong zhuang du style Chen), etc... L’entraînement aux exercices de force interne joue un rôle important dans l’aide du pratiquant au song et lui donne une énergie interne forte. Nous devrions au moins consacrer un tiers du temps de notre entraînement pour faire ces exercices.

    Si vous vous entraînez dur sur l’enchaînement et les exercices d’énergie interne, je doute fort que vous n’ayez pas pratiqué le Tuishou pour en tester les résultats. Dans la pratique du Tuishou, tous vos défauts, comme user de la force brute, sans "peng jing " (les formes "effondrées" - collapsed forms), lever les épaules et les coudes, la résistance (ding jing) et la fuite (diujing) seront exposés... Naturellement, votre force (externe) sera également étalée. Passez au moins deux heures par semaine à faire du Tuishou avec les copains ou vos partenaires d’entraînement. Travaillez dur sur les quatre principales portes du Tuishou : Parer, Enrouler en arrière (tirer), Presser et Pousser. Ainsi, un jour, vous vous rendrez compte soudainement que les articulations de vos hanches sont détendues, et vous serez sur le point d’être song. Ce moment est une expérience excitante, que seuls peuvent comprendre ceux qui sont passé par là.

    Désormais, vous pouvez évoluer au plus haut stade de l’entraînement du Taiji Quan : le combat libre. Vous n’aurez pas trop peur de vous battre car votre pratique du Tuishou et votre entraînement sur la force interne auront déjà posé de solides bases pour cela. Votre song et votre énergie interne vous donneront de l’assurance. Vous êtes sur la voie de la maîtrise du Taiji Quan.

    Conclusion

    je voudrais souligner que la clé du song est dans l’articulation des hanches. Ma Hong a dit qu’une fois les articulations des hanches relâchées, les articulations des épaules et du reste suivent naturellement. Le fait que je suis capable de faire les démonstrations à mes élèves est parce que je suis Song.

    Les classiques du Taiji Quan disent : " La chose principale est que tout mouvement devrait être conduit à partir de la poitrine et de la taille ". Ils disent également que " S’il n’y a aucun manque, la solution doit être trouvée dans la taille et les jambes ".

    Vous pouvez vous demander combien de temps cela prendra pour devenir song. Mon opinion est que cela prend dix ans si vous pratiquez l’enchaînement, les exercices d’énergie interne et le Tuishou une heure par jour. Cela prendra cinq ans si vous pratiquez deux heures par jours. Certains peuvent mettre plus de temps pour devenir song, pendant que d’autres y mettront un temps plus court.


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    Histoire du Qi Gong

    Sources:  Copyright© P.Gaggia octobre 2007- http://www.yiquan78.org/historeqigong.htm

     

    Histoire du Qi Gong

    Forme de l'Epée & Qi Gong en arrière plan - Pékin 2013 

    Histoire du Qi Gong

     

     

    Histoire du Qi Gong

     

    Remerciements à Mr & Mme Bettens pour ces belles photos

     

     

    Le Qi Gong

     

    Histoire du Qi Gong

     

    1. De l'antiquité à 1949 : les pratiques ancestrales

    2. De 1949 à 1964 : la création du Qi Gong moderne


    3. De 1964 à 1978 : la répression et la clandestinité

    4. De 1978 à 1999 : le renouveau du Qi Gong

    5. De 1999 à 2007 : la réglementation de la pratique publique

     

     

     Les pratiques ancestrales:

     

    1. Dynastie des Han (206 av. JC à 220 ap.JC)

     

    Les techniques destinées à cultiver l'esprit et à préserver la santé pour prolonger la vie sont apparues à une époque très reculée de l'histoire chinoise.

    En 1973, des archéologues chinois ont trouvé un rouleau dessiné sur une étoffe de soie en couleurs, dans le tombeau n°3 des Han de Mawangdui près de Changsha, représentant 44 personnages, de tout âges et des deux sexes, dans diverses postures de Daoyin (conduire et étirer).

    Ce nom est utilisé aujourd'hui pour désigner des "exercices physiques" ou "des gymnastiques corporelles" chinoises.

     

     Ci-dessous le tableau en question, datant du début des Han :

    Histoire du Qi Gong

    Tableau de Daoyin du tombeau n°3 des han de Mawangdui (province du Hunan) source:: google images

     

    Le "jeu des cinq animaux" est une technique de longévité des plus anciennes. Le fait d'imiter les mouvements des animaux sauvages afin d'aguerrir son corps remonte loin dans l'histoire. Au temps des "Han postérieur"(25-220 ap. JC), le célèbre médecin Hua Tuo développa les mouvements des 5 animaux : ours, tigre, cerf, singe et grue que l'on nomma "le jeu des 5 animaux de hua tuo".

     

    Histoire du Qi Gong

    Histoire du Qi Gong

    Histoire du Qi Gong

     

    Wuqin tu (dessins des cinq animaux) d'aprés le wanshou xianshu rédigé par Cao Ruoshui

      

    Les lettrés de l'école taoïste (daojia) de cette période, en continuité avec la pensée de  Laozi et de Zhuangzi (vers 370-300 av. JC), ont écrit des essais sur l'art de nourrir la vie ou la préservation de sa santé. Xi Kang (223-262 ap J-C), un des plus brillants esprits de son époque, a écrit le yang sheng lu (nourrir la vie) : ce concept englobe la notion d'hygiène, de gymnastique, de massage, de techniques respiratoires, de diététique, de règles de vie. Cette notion est la base du qi gong moderne.

     

    2. Dynastie Du Nord et du Sud (420-589)

     

     

    Avec l'introduction du bouddhisme en Chine et son développement entre le Ve et X0e siècle, les pratiques corporelles (exercices physiques et pugilistiques) se développent dans les monastères. Le Yi Jin Jing fut introduit d'après la légende par Bodhidharma dans le temple Shaolin sur le mont Tsongchan. Ces exercices constitués d'étirements des muscles et des tendons étaient pratiqués par les moines pour éliminer la fatigue et garder une bonne condition physique après les prières et le travail. 

     

     

    Histoire du Qi Gong

    un extrait du Yi jin jing  de Zhou Shuguan

     

    3. Dynastie des Tang (618-907)

      

    La conception taoïste du corps et sa vision du monde ont influencé considérablement les pratiques corporelles chinoises. Les techniques respiratoires et les exercices taoïstes avaient pour but d'assurer la libre circulation du souffle, des fluides et du sang dans les vaisseaux.
La théorie des souffles (neigong) et ces pratiques ont pris un essor à cette période. Pour la première fois apparaît le terme qi gong dans un texte taoïste avec le sens de "procédés du souffle".

     

     

     

    Histoire du Qi Gong

     Alchimie intérieure taoïste d'après le Xingming guizhi

     

      

    Sun Simiao (581-682), célèbre médecin et pharmacien, donne les premières indications pour les massages de santé dans son ouvrage classique (30 tomes) le beiji qianjin yaofang (précieuses ordonnances pour les cas urgents). Cet ouvrage est encore aujourd'hui un livre indispensable dans la médecine traditionnelle chinoise. 

     

    D. Dynastie des Song (960-1279)

     

    Cette période est prolifique en documents sur les arts corporels chinois.
Les exercices en position assise en fonction des 24 périodes de l'année et les exercices en position couchée auraient été inventés par  le légendaire Chen Tuan (Chen Xiyi) maître taoïste de la conservation de la bonne santé.

     

     

    Histoire du Qi Gong

    Exercices en position assise en fonctions des 24 périodes de l'année de Chen Tuan

     

     Cette période fut très troublée. La guerre avec les barbares du nord, la corruption de l'état et la famine agressaient le peuple. Le Général Yue Fei (1103-1141) fut un héros national en combattant les barbares. Il créa les Ba Duan jin (huit pièces de brocart) pour améliorer la santé de ses soldats. Il fut le premier à introduire systématiquement le wushu (techniques martiales) dans la formation des troupes. Il serait aussi à l'origine des styles de boxes : xing yi et des serres de l'aigle.

     

     

    Histoire du Qi Gong

    Les  Baduan jin ou 8 pièces de brocart en position debout d'après Zhou Shuguan (1895)

     

     

    4. Dynastie des Ming (1368-1644)

    Dans un ouvrage de Zhou Lujing rédigé en 1579, " La moelle du phénix rouge" (chifeng sui), nous observons un tableau de daoyin des anciens immortels, des personnages légendaires qui fournissent au peuple des symboles et des modèles pour mieux vivre.
Dans cet ouvrage, figurent aussi les premiers dessins des jeux des animaux dans "le livre des animaux" (wuqin shu).

     

    Histoire du Qi Gong

    La gymnastique (daoyin) des immortels légendaires d'après la moelle du phénix rouge de zhou Lujing

      

     

    Luo Hongxian, lettré taoïste, publia à la même époque deux ouvrages de référence, le" Weisheng zhenjue”"(formules pour se maintenir en bonne santé) et le "Wanshou xian shu" (livre des immortels). Ces ouvrages comportent les exercices respiratoires taoïstes des anciens immortels ainsi que des prescriptions médicales.

    Dans l'édition complétée (4 volumes) en 1832,  Cao Ruoshui  a fait Une compilation des "techniques de longévité anciennes".

     

    Histoire du Qi Gong

    Dessins des exercices des immortels d'après Luo Hongxian

     

    5. Période de la dynastie des Qing (1644-1911) 

     

    Les pratiques psychosomatiques des taoïstes ont été pour la première fois signalées en France par le père  jésuite Jean-Joseph Amiot (1718-1793) qui arriva à Pékin en 1751, où il mourut en 1793.

    Il interpréta les attitudes du "kong fou" dans son livre " Mémoires sur les Chinois  "   tome  4.

     

    Histoire du Qi Gong

    Dessins de Jean-Joseph Amiot des attitudes kong fou

     

    La principale source d'inspiration pour le qi gong moderne demeure le traité illustré  "Neigong tushuo" (explications du travail interne), préfacé par Wang Zuyuan. Ce dernier séjourna pendant 3 mois au temple Shaolin en 1854. Un des chapitres important est la "méthode des douze trésors" (shi er duan fa).

     

    Histoire du Qi Gong

    Dessins du "Neigong tushuo" de Wang Zuyuan (1881)

     

     

    Entre 1800 et 1900, plusieurs auteurs firent des compilations, des révisions et des rajouts des traités anciens. Presque tous les documents illustrés de dessins explicatifs des techniques datent de cette époque.

     

    Le contact avec l'occident a amené les Chinois à valoriser leurs savoirs ancestraux. En 1895, John Dudgeon, médecin écossais, a écrit le  kung fu or medical gymnastics, il s'est aperçu que les pratiques chinoises avaient une valeur hygiénique.

    À cette époque, le savoir et l'enseignement commencent à se populariser vers les laïcs. Mais la transmission se fait toujours par un maître dans le cadre de disciples, de petit groupe ou dans la famille (le clan) suivant l'école et le courant d'origine.

     

    Les courants historiques ancestraux :

    1.  le confucianisme : les règles de vie, le respect des ancêtres, les arts.

    2.  le taoïsme : tao, yin et yang, méridiens, qi, alchimie intérieure

    3.  le bouddhisme : méditation chan, juste milieu, détachement

    4.  les arts martiaux : devenir fort pour mieux vivre et défendre son clan.

    5.  les médecins et les guérisseurs : être en bonne santé pour soigner

     

    Ces 5 grands courants se sont influencés et mélangés mutuellement au cours des siècles dans les pratiques populaires. La base commune est la notion de préservation de la santé, soit pour vivre en harmonie avec la nature, soit pour le contrôle de soi, pour servir le bien commun, ou pour être fort pour servir la famille ou son clan.

     

     

    6. République de Chine (1912-1949)

     

     

    La notion de sport  pour l'éducation et l'hygiène avec l'influence de l'occident commence à rentrer dans les moeurs. Les jeux olympiques modernes engrangent un engouement pour les sports athlétiques, la république de Chine organise des jeux nationaux. Des cours de culture physique à la mode occidentale rentrent dans les écoles. 

     

    Histoire du Qi Gong

    Culture physique: école de jeunes filles (1934)   Équipe chinoise de boxe (1936)

     

     

    Des associations sportives ouvertes à tous commencent à faire leur apparition. L'association de culture physique" jingwu" ouvre des filiales dans toutes la Chine.

    Les arts martiaux  subissent des transformations insistant sur l'aspect sportif ou l'aspect santé (taiji quan).

     

     

    Histoire du Qi Gong

    Enchaînement de Taiji Quan de santé

     

    Pendant le conflit entre les forces nationalistes et les forces communistes, la guérilla communiste se fia à des thérapeutes locaux traditionnels malgré un discours critique du parti sur "ces pratiques superstitieuses".

     

     

    7. La création du Qi Gong moderne

     

    1949 à 1954 

    La création du Qi Gong moderne s'est fait avec l'arrivée au pouvoir du parti communiste. Par manque de moyen et pour utiliser le potentiel humain existant, le gouvernement décide d'utiliser les savoirs ancestraux dans le cadre de la médecine tout en essayant de la moderniser et de la rénover.

    Liu Guizhen (1920-1983), jeune cadre du parti, sera soigné en 1947 d'un ulcère par son oncle Liu Duzhou qui lui apprend le travail de la force intérieure (neiyanggong), pratique transmise traditionnellement de maître à disciple.
Le parti le pousse à approfondir cette pratique.
Le secrétaire du parti, Cheng Yulin, l’assigna à l'enseignement dans le sanatorium des cadres du Hebei méridional et l'entoura d'un groupe de chercheurs.

    Le 3 mars 1949, Huang Yueting, chef des chercheurs au sanatorium, proclame  formellement l'adoption du terme qi gong lors d'une réunion de travail sur la santé.

    Le choix de ce terme a été difficile mais il fallait trouver un nom officiel à cette méthode thérapeutique. Les expressions "méthode thérapeutique pour l'esprit" (jingshen liaofa), "méthode de thérapie psychologique" (xinli liaofa) furent envisagées.
Le nom choisit fut :"méthode thérapeutique de qigong" (qi gong liaofa). Le choix de ce  nom sera critiqué par de nombreux spécialistes trouvant le terme "qi" inapproprié, ce terme ayant beaucoup de significations. Chen shou, fondateur du sanatorium de shanghaï, dira :
" Si on considère le qi comme signifiant certains phénomènes de l'activité du système nerveux, on peut facilement le comprendre, mais si on insiste en disant que c'est l'effet dans le corps humain du mystérieux qi cosmique, il sera impossible de se libérer d'un revêtement mystique". De nombreux courants préféreront garder le terme ancien :" méthode pour nourrir la vie" (yangsheng fa). 

     

    1954 à 1961 

    L'originalité de Liu Guizhen et son équipe de chercheurs est de regrouper de nombreuses pratiques qui se complètent et de créer une théorie qui est la base du qi gong d'aujourd'hui.

    Histoire du Qi Gong

    Professeur Liu Guizhen

     

    Il définit le Qi Gong comme intégrant la "triple discipline"(santiao) :

     

                                       1. La discipline du corps

                                       2. La discipline de la respiration

                                       3. La discipline de l'esprit

     

    Au départ, Liu Guizhen enseignait 4 méthodes au sanatorium de Beidahe : 

    1. neiyanggong :  méditation en position assise ou allongée, ou sur une chaise avec concentration sur certains endroits du corps avec une respiration calme.

    2. qiangzhuanggong : méditation en posture debout ou assis ou libre.

    3.xingbugong : mouvements gymniques ambulatoires à pratiquer en position verticale.

    4  baojiangong:  forme d'auto massage en position assise. 

    D'autres sanatoriums ou des cliniques en Chine vont introduire "la méthode qi gong" dans le cadre de soin avec prescriptions en fonction de la maladie. Le traitement peut comporter des séances d'acupuncture, de massage et de drogues herbales.
Plus de 70 unités thérapeutiques de qi gong sont mises sur pied dans toute la Chine.

    À Pékin, les méthodes les plus répandues sont le zhanzhuangong (méditation en posture du pieu) et le jeu des cinq animaux d’Hua Tuo.

    Dans le sanatorium de Shanghai est créé le qi gong de relaxation (fangsonggong) dérivé des techniques de méditation de Jiang Weiqiao (1873-1958) car on s'est aperçu que la tension nerveuse est un obstacle à la pratique efficace du qi gong.

     

     

    Histoire du Qi Gong

    Dessins de la méthode de relaxation (tranquillité en se reposant) de Jiang Weiqiao

     

    Le taijiquan de santé a été considéré rapidement comme une forme de qigong.

    Le livre de Liu Guizhen publié en 1957 qigong liafo shixian (application de la thérapie par le qi gong) sera la référence. Le concept et le modèle de sa méthode seront reproduits dans de nombreux ouvrages jusqu'à aujourd'hui.

    Ce fut "le grand bond en avant" pour le Qi Gong, les échanges entre les experts populaires et les hôpitaux et facultés de médecine sont à leur apogée. Grâce au mot d'ordre : "le médecin doit étudier le savoir du peuple pour servir la nation". 

     

    1962 à 1964 

    Un revirement commence contre la médecine traditionnelle. La plupart des fondateurs du Qi gong moderne étaient des élites du parti. Mao Zedong commence ses attaques contre l'appareil du parti vers 1960. Toutes les structures institutionnalisées se ferment et les dirigeants critiqués. 

    La période de 1949 à 1964 a été une période d'échange et de mise en pratique des techniques de longévité et de santé dans un cadre d'état. La plupart des pratiquants faisaient partie de l'élite du parti. Le mode de transmission médecins / patients a pris la place du mode ancien maître / disciple.

     

    8. La répression et la clandestinité 

     

    1964 à la fin des années 70 

    Pendant la révolution culturelle, toutes les institutions d'état ont été fermées et les praticiens envoyés en camp de rééducation. Les pratiques familiales et populaires ont continué dans la clandestinité. Mais une pratiquante fait de la résistance dans les parcs publics et sa pratique marquera la résurrection du Qi Gong : Guo Lin, une artiste peintre.
Dès 1970, elle pratique et enseigne dans les parcs publics, arrêtée plusieurs fois, elle change de parc.Elle réussit à continuer son enseignement jusqu'à la fin de la révolution culturelle.

     

    9. Le renouveau du qi gong

     

    1978 à 1989 

    Guo Lin, fort de son expérience de sept années d'enseignement et de soins et avec l'aide de dirigeants du parti, promulgue sa "nouvelle méthode thérapeutique de qi gong". Ayant elle-même soigné son cancer grâce à son grand-père (maître taoïste) puis soigné de nombreux malades dans les parcs, elle envoie un rapport en 1977 sur sa méthode au ministère de la santé.

     

    Histoire du Qi Gong

    Madame Guo Lin et ces élèves

     

    L'innovation principale de Guo Lin est l'enseignement dans les parcs hors des institutions des années 50. Ceci a permis la diffusion de masse, de nombreux groupes se forment, le qi gong devient populaire. A 70 ans, Guo Lin est à l'origine de la grande vague du qi gong des années 80.

     

     

     

    Les grandes lignées de la pratique de masse apparaissent :

     

    " Le qi gong de la grande oie" de Yang Meijun -
Un qi gong taoïste familial traditionnel transmis de génération en génération, en 1978, elle décide de transmettre son héritage à tous. 

     

     

    Histoire du Qi Gong

    Madame Yang Meijun

    "L'envol de la grue" de Zhao jingxiang
- Une forme de qi gong des années 80 : les mouvements spontanés (la transe) sur la base de la méditation et de l'imitation de la grue. Cette forme a eu un succès, sûrement un besoin dans une société qui se libère.

    " Qi gong nourrissant" de Ma Litang
- Un qi gong de la lignée des arts martiaux. Une forme issue du wushu (arts martiaux) adaptée à tous et création de forme spécifiques pour les personnes âgées.

    Ce vent de liberté et ce défoulement collectif vers le qi gong engendrera des abus.
La création de nouveau qi gong amènera de nouveaux concepts comme la transmission de pouvoirs surnaturels par des maîtres charismatiques descendus de montagne Lointaine. Cette effervescence vers des pratiques incontrôlées (transes et délires) aboutira à des problèmes de santé pour certains adeptes.

    Il y eut pendant cette période une multitude de nouveau qi gong. Toutes ces lignées auront un maître fondateur : Liang Shifeng (mouvements spontanés du jeu des cinq animaux), Pang Heming (qigong de la sagesse), Zhang Hongbao (zhonggong)...

     

    1989 à 1999 

    L'état essaye de contrôler "la vague" du qi gong en publiant la liste des lignées de masse autorisées à enseigner. En 1995, la critique est forte envers le monde du qi gong :  culte de la personnalité, retour des superstitions féodales, abus thérapeutiques, escroqueries, pseudo maîtres.

    Des groupements comme le falungong et le zhonggong prennent une importance considérable dans tous les secteurs de la société.

    En 1999, Li Hongezhi (falungong) va trop loin dans les manifestations populaires. Le gouvernement lance une campagne pour la suppression du falungong. Dans la foulée, tout le monde du qi gong est touché. La plupart des associations sont démantelées. L'état réglemente son propre système d'enseignement et d'administration du qi gong hygiéniste.

     

    10. La réglementation de la pratique

    1999 à nos jours 

    Aujourd'hui, l'état chinois a essayé d'écarter tous les pseudo qi gong des années 80 et les groupes sectaires. Le qi gong est scindé en 2 pôles, le qi gong thérapeutique enseigné et pratiqué dans les lieux de soins (cliniques et hôpitaux, sanatorium) et le qi gong hygiéniste de bien-être enseigné dans les parcs ou dans les centres sportifs. L'état réglemente la pratique et l'enseignement pour le bien-être, il valorise les techniques ancestrales qui ont fait leurs preuves comme : les ba duan jin, le jeu des animaux, le yi jin jing, le taiji santé, les 6 sons.

     

    Histoire du Qi Gong

    Gymnastique Chinoise avec éventail dans un parc de Beijing

     

    Conclusion

    A qui s’adresse le Qi Gong ?

     

    Le Qi Gong ou chi-kung se pratique en position statique ou en mouvement sans effort musculaire, sans accélèrer le rythme cardiaque et la respiration. La respiration a tendance à ralentir. Au contraire de la gymnastique occidentale qui est basée sur l’effort musculaire, la consommation d’oxygène en excès. On sait aujourd’hui selon des études scientifique que la suroxygénation produit des radicaux libres, accélère le vieillissement et la dégénérescence des cellules prématurément. Les adeptes du Qi Gong vivent vieux et mieux. Si nous faisions preuve d’un peu de sagesse, nous pourrions trouver une complémentarité et  associer la gymnastique orientale à l’occidentale pour le profit bénéfique de la santé de tous ;

     

    Le Qi Gong se pratique à tous les âges. La pratique en douceur et avec patience auprès de l’enfant développera son schéma corporel pour une meilleure connaissance de son corps dans l’espace. Il favorisera une meilleure attention et connaissance de son corps par les sensations et non par l’unique savoir. Concernant les adolescents et les sportifs, il renforcera l’endurance, tonifiera les tendons et articulations, augmentera la puissance musculaire dans l’effort intense. Il augmentera la concentration et permettra une meilleure visualisation du geste correct et performant.

     

    Le Qi Gong chez l’adulte, assouplira en douceur les tendons  et les articulations, sans se fatiguer et pour une amélioration certaine de la santé.

     

    Le Qi Gong auprès des seniors, dont l’endurance et la souplesse sont quelques peu émoussées, le Qi Gong est encore plus favorable. Chez le senior, l’Ankylose et le raidissement diminuent les capacités physiques, la souplesse diminue et le système cardio-vasculaire est plutôt défaillant et la respiration est plus faible. Les seniors sont souvent comdamnés à rester assis. Le Qi Gong est façon de parler la bouée de sauvetage, une des seules voies, puissantes et efficaces pour ré-instaurer une réhabilitation du corps, du bien-être et du ralentissement du vieillissement.

     

    Le Qi Gong auprès des personnes malades les aidera à retrouver une bonne énergie vitale qui a été dépensée à combattre leurs maladies. Selon des études scientifiques, le Qi Gong renforce l’immunité, diminue les inflammations et la dégénérescence. Le Qi Gong calme le corps et l’esprit, soigne l’insomnie, l’anxiété et la dépression.

     

    Le Qi Gong auprès de l’adulte sain, est une discipline de vie, comme on se douche tous les matins. Si on se lave l’extérieur, pourquoi ne pas se laver l’intérieur? Le Qi Gong raffine et purifie notre énergie interne. Il régule nos émotions, favorise une meilleure attention et augmente notre conscience d’être ici et maintenant.

     

    Le but n’est pas de vivre le plus vieux possible, mais plus longtemps et de garder une meilleure forme physique extérieure et intérieure, autant psychique, émotionnelle et spirituelle.

     

     

    ***

     

    Les techniques pour préserver la santé et prolonger la vie fait partie du patrimoine chinois. Ces pratiques demandent un effort personnel, une pratique quotidienne et de la volonté pour obtenir des résultats. En France, l'état considère le Qi gong comme une gymnastique énergétique  douce de bien-être. Il existe des diplômes fédéraux. En 2008 un diplôme sportif  d'état "arts énergétiques chinois" sera mis en place par la fédération délégataire des arts martiaux chinois et des arts énergétiques (FFW aemc). 
Dans certains pays comme l'Allemagne, des praticiens inclus le Qi Gong dans un processus de soins. Pour cela le thérapeute doit être formé en médecine chinoise (plantes, massages, prise des pouls, diagnostic) et avoir une pratique personnelle énergétique.

    Copyright© P.Gaggia octobre 2007

    Les sources : 

    "Soins et techniques du corps en Chine au Japon et en Inde"
Pierre Huard et Ming Wong   berg international (1985) 

    "Se maintenir en bonne santé" Méthodes traditionnelles chinoises
Li Jingwei et Zhu Jianping   Éditions en langues étrangères Beijing 

    "Les secrets de la longévité"
Liu Zhengcai    Éditions en langues étrangères Beijing 

    "La fiévre du Qigong" guérison, religion et politique en Chine, 1949-1999
David A.Palmer  Éditions de l'école des hautes études en sciences sociales
Ce livre est indispensable pour connaître l'histoire de la création du Qi gong en 1949

    "L'homme"  Revue Française d'Anthropologie   Chine: facettes d'identité
Écoles des hautes études en sciences sociales 

    "La pensée en Chine aujourd'hui" sous la direction d'Anne Cheng
Folio essais

     

     

    Nb: Ces textes ne sont pas uniquement de ma plume mais en partie le fruit d’une humble recherche personnelle. Vous trouverez le nom des auteurs et des sources en bas de page ou dans le texte. Je reste ouvert à vos remarques et à vos questions à ce sujet. Vous pouvez me contacter par courriel/email à l’adresse suivante : nouvelle adressebernarditaichi7@gmail.com ou je vous invite à consulter ce blog : http://taichi4theworld.eklablog.com/

     

     

    Bonne pratique à toutes et tous !!!

    L. Bernardi - Professeur de Tai Chi Chuan du style Yang & Qi Gong

     

     

     

     

     

    http://data0.eklablog.com/taichi4theworld/mod_article4825005_6.jpg


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